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14 mars 2019

Belle reprise, sublime Desdemona

Critique d’Otello de Giuseppe Verdi à l’Opéra Bastille

Avant dernier opéra de Giuseppe Verdi, Otello est en ce moment à l’affiche de l’Opéra Bastille.  Pour l’occasion, on a ressorti des cartons la production d’Andrei Şerban, créée il y a quatorze ans avec Barbara Frittoli en Desdemona. Rien de bien enthousiasmant dans cette mise en scène, exceptés quelques beaux moments (la tempête initiale, notamment et les plumes noires jetées par Otello sur le lit de mort de Desdemona). Quelques détails paraissent particulièrement superflus tel l’étendard empoigné par Otello dès qu’il s’agit de parler batailles ou les masques de carnaval portés par les figurantes accompagnant Lodovico (on aurait compris sans eux qu’il est ambassadeur de Venise !). Les costumes sont globalement très beaux, notamment les différentes robes portées par Desdemona. On avouera tout de même trouver assez ridicule d’affubler Otello d’une longue chemise de nuit pour aller sauver Mantone de la fureur d'un Cassio aviné ! Les décors, en revanche, n’appellent que des éloges, en particulier la chambre de Desdemona entourée de tulles et de voiles.

Otello, Bastille, 2019

Le plateau vocal impressionne tout d’abord par ses petits rôles très bien distribués. Marie Gautrot est une très belle Emilia au timbre charnu, Frédéric Antoun un Cassio élégant, Paul Gay visiblement surdimensionné pour le rôle de Lodovico. On est en revanche bien déçu par l’Iago de George Gagnidze vocalement et scéniquement assez monolithique et de plus peinant à se faire entendre dès que l’orchestre joue un peu fort. Le duo « Sì, pel ciel marmoreo giuro » est ainsi très déséquilibré, Alagna et l’orchestre couvrant totalement le pauvre baryton. Roberto Alagna, dont la performance lors de la première avait été gênée par un refroidissement, semble ce soir prudent dans les deux premiers actes. Mais l’investissement scénique du chanteur a tôt fait de susciter l’émotion. Les duos avec Desdemona au III puis au IV sont les sommets de sa prestation : grammaire verdienne parfaitement maîtrisée, timbre cuivré et performance théâtrale aboutie. Aleksandra Kurzak est une Desdemona sublime. La voix est très belle,pleine, suave et couleur de miel. Son incarnation est vibrante, sa prestation vocale impressionnante de bout en bout (que dire de ses aigus, filés, pianissimo, à couper le souffle ?). La chanson du saule était absolument magnifique, hallucinée et désespérée, l’ « Ave Maria » très poignant. La soprano polonaise est une Desdemona parfaitement adéquate telle qu'on voudrait en entendre plus souvent.

L’Orchestre de l’Opéra était excellent mais la direction de De Billy n’en a pas tiré les atmosphères sonores envoutantes que Fabio Luisi avait su trouver plus tôt cette saison dans Simon Boccanegra. Les Chœurs, très bien préparés, ont fait honneur aux deux grandes scènes chorales si célèbres d’Otello, la tempête et « Fuoco di gioia ». La Maîtrise des Hauts-de-Seine et le Choeur d'enfants de l’Opéra de Paris sont charmants et sans aucune acidité.

Une belle soirée d’opéra dominée par la très belle Desdemona d’Aleksandra Kurzak et par l’excellence des forces maison.

Alagna Kurzak Otello, Bastille, 2019

Otello, dramma lirico en quatre actes de Giuseppe Verdi sur un livret d’Arrigo Boito, 1887

Otello : Roberto Alagna

Desdemona : Aleksandra Kurzak

Iago : George Gagnidze

Cassio : Frédéric Antoun

Roderigo : Alessandro Liberatore

Lodovico : Paul Gay

Montano : Thomas Dear

Emilia : Marie Gautrot

Un araldo : Florent Mbia

 

Direction Musicale : Bertrand de Billy

Mise en scène : Andrei Şerban

Orchestre, Choeur d'enfants et  Chœurs de l'Opéra National de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine

Opéra Bastille, 13 mars 2019

 

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