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22 juin 2016

Jubilatoire

            Le Festival de Glyndebourne représentait hier 21 juin 2016 Il Barbiere di Siviglia dans une mise en scène d’Annabel Arden. Parfaitement fidèle au livret, celle-ci s’est révélée particulièrement efficace. Le décor fortement poétique rappelle une Espagne de songes faite de motifs orientaux dans les tons bleus et blancs. Les costumes sont également très réussis. Les tenues de Rosine sont au I dans les tons rose pâle puis dans des bordeaux plus sombres au II. Tout au long de l’opéra, elles sont caractérisées par une abondance de fleurs et de volants. Mais la principale force de cette mise en scène réside dans une chorégraphie magistralement orchestrée reposant sur des pas de danses et une gestuelle marquée. Le tout crée un spectacle fort agréable à voir, à l’aspect propre et soigné.

Bürger Corbelli De Niese Kelly Stamboglis Stayton Il Barbiere di Sivglia, Glyndebourne, 2016

            Dans la fosse, Enrique Mazzola, à la tête du London Philarmonic Orchestra, s’efforce de créer une atmosphère sonore correspondant à la scène. Sa direction est allègre et enjouée, poétique et expressive quand il le faut. On ne trouvera pas ici de rythmes débridés comme c’est si souvent le cas dans cette pièce. Et qui s’en plaindra ? Car au moins, cela permet aux chanteurs de rester à l’aise dans une partition particulièrement complexe et d’en explorer les moindres détails.

            Du côté du chant, en effet, il y a beaucoup de belles choses à entendre. A commencer même dans le petit rôle de Berta. Janis Kelly campe un personnage comique bien assumé. Ce qui crée l’admiration cependant, ce n’est pas son jeu mais un « Il vecchietto cerca moglie » particulièrement bien chanté avec des aigus dépourvu d’acidité – c’est si rare chez les titulaires de Berta- et au contraire sains et puissants.

Kelly Il Barbiere di Siviglia, Glyndebourne, 2016

            On a connu des Basilios plus désopilants que Christophoros Stamboglis. Celui-ci se concentre plus sur la beauté de son chant et la précision de son ornementation. Par comparaison, le Don Bartolo d’Alessandro Corbelli n’en apparaît que plus drôle. Le baryton italien enchaîne gag sur gag tout en conservant une ligne de chant impeccable où l’on aperçoit à peine la marque du temps. Il est vrai qu’il est titulaire du rôle depuis si longtemps qu’il en connaît toutes les facettes. Quel plaisir que d'entendre un chanteur en si complet accord avec l'écriture de son rôle !Corbelli Il Barbiere di Siviglia, Glyndebourne, 2016

            L’Almaviva de Taylor Stayton est parfait sur le plan vocal mais assez pâle sur le plan théâtral. Il faut avouer que le grand espagnol est un personnage fluet en face de Figaro, surtout quand le « Cessa di più resistere » est coupé. Et Björn Bürger est un excellent Figaro. Belle voix bien maîtrisée, le baryton campe un personnage rusé et malicieux.Bürger Stayton Il Barbiere di Siviglia, Glyndebourne, 2016

            La grande reine de la soirée reste cependant Danielle de Niese en Rosina. Elle est tout d’abord une présence scénique incroyable. Ravissante dans ses tenues successives, elle incarne une jeune fille amoureuse pleine de malice et de vivacité. Vocalement, le registre grave est parfois à la limite de ses possibilités mais le médium et surtout l’aigu sont rayonnants de santé, de soleil et de précision. On reste confondu par son interprétation terriblement émouvante de l’air alternatif « Ah, s’è ver, in tal momento », placé juste avant l’orage.De Niese Il Barbiere di Siviglia, Glyndebourne, 2016

            C’était en somme une belle soirée qu’on nous a offert à Glyndebourne. Et devant une musique si jubilatoire, pourquoi bouder son plaisir ?Bürger Corbelli De Niese Kelly Stayton Il Barbiere di Sivglia, Glyndebourne, 2016

Il Barbiere di Siviglia, opéra-bouffe en deux actes de Gioacchino Rossini sur un livret de Cesare Sterbini, 1816

Rosina : Danielle de Niese

Berta : Janis Kelly

Figaro : Björn Bürger

Il Conte di Almaviva : Taylor Stayton

Don Bartolo : Alessandro Corbelli

Don Basilio : Christophoros Stamboglis

 

Direction musicale : Enrique Mazzola

Mise en scène : Annabel Arden

London Philarmonic Orchestra

The Glyndebourne Chorus

Retransmis en diret de Glyndebourne, le 21 juin 2016

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