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OpéraBlog

2 avril 2018

Vent de folie à la Bastille

Critique de Benvenuto Cellini à l'Opéra National de Paris

Créé pour l'Opéra de Paris, Benvenuto Cellini, unique tentative d'Hector Berlioz de conquérir la "Grande Boutique", se solda en 1838 par un échec. Public comme interprètes se révélèrent à l'époque incapables d'apprécier cette partition riche, complexe et atypique. Dans le cadre du cycle Berlioz entamé à l'Opéra de Paris, l'orfèvre florentin revient sur la scène parisienne dans une co-production avec l'English National Theatre, le Nationale Opera Amsterdam et le Teatro dell'Opera di Roma.

Pour sa deuxième incursion à l'opéra, Terry Gilliam signe un spectacle coloré et foisonnant. Le plateau est occupé par plusieurs décors modulables à l'envie (une maison à un étage et balcon pour les scènes chez Balducci, de nombreuses tables en face de la boutique de Cellini pour la taverne, un atelier empli de statues en papiers chez Cellini...) et par de nombreux acrobates et figurants. Lumières, confettis, marionnettes créent une atmosphère de carnaval dès les dernières notes de l'ouverture. On rit souvent, tout particulièrement devant certaines scènes très réussies (le trio Fiermaosca/Teresa/Balducci du premier acte, l'entrée du pape). Cependant, on aimerait parfois que le rythme de la mise en scène déccélère de temps à autre : trop d'actions simultanées empêchent parfois de se concentrer sur la musique ou de susicter l'émotion. Cette réserve est pourtant bien mince en comparaison du plaisir éprouvé lors de la représentation.

Iversen Muraro Spoti Benvenuto Cellini, Bastille, 2018

L'équipe vocale réunie par l'Opéra National de Paris est globalement très enthousiasmante. Si l'on excepte le Balducci bougonnant, passant à peine la rampe et à la diction confuse de Maurizio Muraro, on a peu de réserves à exprimer. Parmi les seconds rôles, tous très bons, on distinguera le Pompeo de Rodolphe Briand à la diction d'une netteté confondante. Marco Spoti pâtit d'une voix un peu nasale.  Audun Iversen est un très beau Fieramosca : présence scénique plus que convaincante, voix très homogène et ligne de chant bien menée. Michèle Losier est un Ascanio au timbre lumineux, à l'aigu faciel et au comique assumé. Elle tire son épingle du jeu avec brio grâce à un "Mais qu'ai-je donc" remarquable d'aisance et de vitalité. En prise de rôel en Teresa, Pretty Yende s'éloigne du belcanto italien où elle s'est illustrée jusqu'à présent. Jouant d'un timbre frais et pulpeux, d'aigus très faciles et d'un jeu attachant, elle relève le défi avec entrain. "Quand j'aurai votre âge" lui sied comme un gant avec ses vocalises réclamant agilité et précision. Cette jolie Teresa trouve dans le Benvenuto Cellin de John Osborn un amant à sa mesure. Le ténor américain fait montre d'un timbre idéalement cuivré et d'une voix homogène sur toute la tessiture. Vocalement dans une forme époustouflante, il éblouit autant par ses aigus piani en voix de tête de "Ô mon bonheur" que par les aigus forte de "Sur les monts les plus sauvages". Une diction française absolument parfaite et un jeu enthousiasmant viennent s'ajouter à la beauté purement musicale de ce Cellini. "La gloire était ma seule idole" se révèle, avec la complicité d'un Philippe Jordan inspiré à la fosse, comme le moment le plus émouvant de la soirée.

 

Losier Osborn Yende Benvenuto Cellini, Bastille, 2018

 

 

Dans la fosse, l'Orchestre de l'Opéra National de Paris déploie un son somptueux (que dire, notamment, du cor anglais du final de l'acte I ?) sous la baguette de Philippe Jordan. Sa direction laisse moins de place à la folie que la mise en scène mais met en relief les singularités de la partition de Berlioz ("Honneur aux maîtres ciseleurs" est particulièrement somptueux).  Dans cette production, le comique, le grand spectacle est sur scène, l'émotion est dans la fosse.

Benvenuto Cellini, opéra en deux actes et quatre tableaux d'Hector Berlioz sur un livret d'Auguste Barbier et Léon de Wailly, 1838

Benvenuto Cellini : John Osborn

Teresa : Pretty Yende

Fieramosca : Audun Iversen

Ascanio : Michèle Losier

Giacomo Balducci : Maurizio Muraro

Le Pape Clément VIII : Marco Spotti

Francesco : Vincent Delhoume

Bernardino : Luc Bertin-Hugault

Pompeo : Rodolphe Briand

Cabaretier : Se-Jin Hwang

 

Direction musicale : Philippe Jordan

Mise en scène : Terry Gilliam

Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris

Opéra Bastille, le 1er avril 2018

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19 mars 2018

Une réédition indispensable !

Critique de  l'intégrale Erato/Warner Classics de Benvenuto Cellini      

Suite au succès commercial de l’intégrale des Troyens dirigée par John Nelson parue en novembre, la maison de disque Erato a réédité le Benvenuto Cellini gravé par le même chef en 2003. Sortie une première fois en 2004, cette intégrale se distingue par une tête d’affiche prestigieuse (Kunde, Ciofi, Naouri pour ne citer qu’eux) et par la présence de John Nelson, chef berliozien convaincu et passionné, à la tête de l’Orchestre national de France. On ne peut donc que se réjouir du retour dans les bacs de nos disquaires de ce Benvenuto Cellini.

Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de ce CD, c’est d’abord la qualité de la diction française chez tous les chanteurs et jusque dans les plus petits rôles (seule Joyce DiDonato, sur ce point, n’est pas absolument irréprochable). Ainsi, le cabaretier d’Eric Huchet brille par son intelligence du mot qui lui permet d’être absolument tordant dans l’énumération des vins du deuxième tableau. Les autres rôles secondaires tels que ceux de Francesco, Bernardino ou Pompeo sont tous très bien tenus. Renaud Delaigue incarne un pape faible qui prétend en vain avoir de l’autorité sur Cellini. Il possède un timbre homogène sur toute la tessiture même s’il semble parfois peiner dans le registre le plus grave du rôle. En Fieramosca, Jean-François Lapointe fait montre d’un timbre de baryton lumineux et de beaucoup d’autodérision. Le trio « Demain soir à mardi gras » doit beaucoup à l’humour avec lequel il distille chacune de ses répliques. Dans le rôle de travesti d’Ascanio, Joyce DiDonato déploie son mezzo chaleureux et rayonnant. Pourrait-on imaginer meilleur élève de Cellini que ce jeune garçon au timbre charmeur, moelleux et lumineux ? Ses aigus triomphants et sa ligne de chant particulièrement élégante font de l’air « Cette somme t’es due » une des plus belles pages du disque. Au deuxième acte, elle assume crânement « Tra la la la… Mais qu’ai-je donc ? », imitant le pape avec des graves poitrinés et profonds. Laurent Naouri ne fait qu’une bouchée du rôle de Balducci. Avec une très grande intelligence du texte, il transforme le trésorier fier et colérique en personnage ridicule. Jouant d’un timbre chaud, profond, immédiatement séduisant, il chante un truculent « Ne regardez jamais la lune » et fait merveille dans les ensembles. Patrizia Ciofi est une Teresa à la voix frêle mais au timbre exquisément fruité. « Ah ! que l’amour une fois dans le cœur » lui permet de faire valoir son art de la cantilène et ses aigus cristallins. Au rôle-titre, Gregory Kunde offre la beauté de son timbre doux et corsé, des aigus de tête suaves (notamment dans « Ah ! le ciel, cher époux ») et une diction parfaite. On pourrait à la rigueur réclamer un peu de folie supérieure dans la scène de la taverne ou dans celle de la fonte de la statue mais l’artiste est si touchant dans les pages plus élégiaques…

En somme, cette réédition nous a comblé, dautant plus que les intégrales de Benvenuto Cellini ne sont pas monnaie courante. A se procurer absolument !

Benvenuto Cellini, Erato, 2018

Benvenuto Cellini, opéra en deux actes et quatre tableaux d’Hector Berlioz sur un livret d’Auguste Barbier et de Léon de Wailly, 1838

Benvenuto Cellini : Gregory Kunde

Teresa : Patrizia Ciofi

Giacomo Balducci : Laurent Naouri

Ascanio : Joyce DiDonato

Fieramosca : Jean-François Lapointe

Le pape Clément VII : Renaud Delaigue

Francesco : Eric Salha

Bernardino : Marc Mauillon

Le cabaretier : Eric huchet

Pompeo : Ronan Nédélec

 

Direction musicale : John Nelson

Orchetre national de France et Chœur de Radio France

Une intégrale Erato/Warner Classics enregistrée du 8 au 13 décembre 2003 dans la Salle Olivier Messiaen de la Maison de Radio France

5 mars 2018

Entrée discographique foudroyante !

Critique d'ANITA

Depuis ses débuts retentissants à la Scala dans le rôle-titre de Carmen face à Jonas Kaufmann en 2009, Anita Rachvelishvili s'est imposée comme une mezzo-soprano incontournable dans le monde lyrique. A cette ascension fulgurante, il ne manquait plus qu'un contrat chez une grande maison de disques. C'est chose faite puisque la mezzo géorgienne fait ses débuts chez Sony Classical avec un récital d'airs d'opéra.

Ce qui frappe de premier abord dans ce CD, c'est, comme toujours quand on entend Anita Rachevlishvili, l'opulence de ce timbre chaud et voluptueux ainsi que la beauté d'un médium mordoré et profond. La plupart des airs choisis par la chanteuse sont des tubes du repértoire de mezzo. "Voi lo sapete o mamma" extrait de Cavalleria Rusticanna montre une Santuzza juvénile, sensible, très prometteuse pour ses débuts à l'Opéra de Rome en avril. Le répertoire verdien est très présent sur le disque avec les deux airs d'Eboli et celui d'Azucena. "O don fatale" permet à Anita Rachevlishvili de laisser libre court à un dramatisme impressionnant. Cependant, l'aigu final n'est pas aussi triomphant qu'on l'aurait attendu. Au contraire, "Condotta ell'era in cepi" nous a pleinement convaincu. A mille lieux des Azucena matronnes et hystériques, Anita Rachevlishvili dessine un personnage tout en nuances. Les premières phrases, piano et colorées d'un feu sombre, sont tout aussi époustouflantes que les dernières exclamations "Il figlio mio avea bruciato", laissant enfin s'épanouir toute l'ampleur de sa voix. 

Dans les extraits d'opéra français, Anita Rachevlishvili est souveraine même si la diction (tout comme la diction italienne, d'ailleurs) pourrait être plus précise. Charlotte frémissante et introvertie, elle est une Dalila susurrant "Printemps qui commence" et distillant "Mon coeur s'ouvre à ta voix" comme du poison. Quel art de la nuance ! Mais c'est dans Carmen qu'Anita Rachvelishvili s'avère la plus belle. Graves sombres, inflexions vénéneuses et séductrices, cette Carmen est absolument irrésistible.

A la tête de l'orchestre de la RAI, Giacomo Sagripanti confère à chaque page un climat dramatique et des couleurs propres, offrant un parfait écrin au talent de la soliste. Le choeur, malheureusement, a une diction française très approximative dans la "Habanera" et on aurait souhaité un ténor aux côtés de la chanteuse dans Il Trovatore et Samson et Dalila.

Après ce premier récital vocalement magique mais au programme assez convenu, nous espérons qu'Anita Rachvelishvili nous offrira des disques de la même qualité musicale mais plus audacieux dans le choix des titres.

Anita Rachvelishvili Sony Classical 2018

 

ANITA

Anita Rachvelishvili, mezzo-soprano

Orchestra sinfonica nazionale della RAI

Direction musicale : Giacomo Sagripanti

 

1.      « Près des remparts de Séville» - Carmen - Georges Bizet

2.      « Printemps qui commence » - Samson et Dalila - Camille Saint-Saëns

3.      «  Condotta ell'era in cepi »Il Trovatore - Giuseppe Verdi

4.      « Nei giardin del bello » - Il Trovatore - Giuseppe Verdi

5.      « Werther... Je vous écris de ma petite chambre » - Werther - Jules Massenet

6.      « Misi sakheli Tinatin » - The Legend of Shota Rustaveli - Dimitri Arakishvili

7.      « Mon coeur s'ouvre à ta voix » - Samson et Dalila - Camille Saint-Saëns

8.      « Lyubasha's song » - The Tsar's Bride - Nikolai Rimsky-Korsakov

9.      « L'amour est un oiseau rebelle» - Carmen - Georges Bizet

10.    « Voi lo sapete o mamma » - Cavalleria Rusticana - Pietro Mascagni

11.   « Où suis-je ?... Ô ma lyre immortelle » - Sapho - Charles Gounod

12.   « Ah più non vedrò... O don fatale  » - Don Carlo - Giuseppe Verdi

CD Sony Classical 2018

27 février 2018

Derniers jours de l'expo Chéreau à Garnier

L'exposition Patrice Chéreau, mettre en scène l'opéra proposée depuis le 18 novembre au Palais Garnier fermera le 1er mars. Profitez des derniers jours pour vous y rendre ! Conçue sous la forme d'un parcours retraçant la dizaine de productions de Chéreau pour l'opéra, cette exposition rend hommage au travail du metteur en scène français. Costumes (des Contes d'Hoffmann ou de Lulu), maquettes de décors, photographies, extraits de spectacles (Der Ring des Niebelungen, Così fan tutte...) et d'interviews composent la majeure partie de l'exposition. Partition du Ring annotée de la main de Pierre Boulez, lettres de Chéreau à Barenboim ou à Wolfgang Wagner, courriers de spectateurs outragés par le Ring de Bayreuth ou notes prises par Chéreau pendant les répétitions sont des petits trésors à découvrir au fil des salles. L'exposition permet de (re)découvrir l'univers de ce metteur en scène atypique... Courez-y !

Patrice Chéreau, mettre en scène l'opéra Garnier 2017-18

26 février 2018

Un chef, une soprano, un ténor

Critique de La Traviata à l'Opéra National de Paris

Créée en 2014 sous le mandat de Nicolas Joël, la production de La Traviata par Benoît Jacquot a vu se succéder de nombreux interprètes au fil des reprises. Lors de la création, Diana Damrau et Ludovic Tézier chantaient les rôles principaux. Par la suite, Ermonela Jaho, Sonya Yoncheva, Maria Agresta ont incarné Violetta, Dmitri Hvorostovsky et Placido Domingo Germont père, Francesco Meli et Bryan Hymel Germont fils. Pour trois représentations en ce mois de février Anna Netrebko, Placido Domingo et Charles Castronovo devaient à leur tour se glisser dans la production de Jacquot. 

Celle-ci n'a guère changé depuis sa création. Le lit de Violetta, un immense arbre et un escalier imposant continuent à servir de décors à l'intrigue. Les costumes sont très beaux, notamment celui de Flora et ceux de Violetta. Cet luxueux écrin s'avère malheureusement vide. Benoît Jacquot laisse les chanteurs livrés à eux-mêmes sur le plateau. Le parti pris revendiqué dans la note d'intention de construire des éléments de décors démesurés par rapport aux chanteurs ne nous convainc guère. Les personnages ne semblent pas écrasés par les décors (le plateau est trop nu) mais plutôt ridiculement petits. Quant au traitement de la masse chorale, il devient rapidement exaspérant d'observer les va-et-vient en lignes parfaites de ces silhouettes en noir. Quant au blackface imposé à Isabelle Duret (Annina) pour rappeler la domestique d'Olympia de Manet, il nous semble à l'extrême limite de l'acceptable.

Damrau Demuro La Traviata, Paris, 2014

Heureusement, la musique de Verdi est amplement capable de faire naître l'émotion, même dans une production aussi froide. Virginie Verrez et Julien Dran sont des comprimari de grand luxe. Viriginie Verrez est une Flora sonore au timbre charnu, Julien Dran un Gastone de haute tenue. Mieux vaut ne pas s'attarder sur le Giorgio Germont de Placido Domingo. Annoncé souffrant en début de soirée, l'ex-ténor manque de souffle et provoque plusieurs décalages avec l'orchestre.

Ce qu'on retiendra surtout de cette soirée, c'est le couple particulièrement crédible et touchant formé par Marina Rebeka et Charles Castronovo. Le ténor américain fait montre d'un chant élégant et nuancé à l'extrême. Aigus lumineux et souples, graves moelleux, présence scénique convaincante, cet Alfredo a tout pour séduire. Enfin, son timbre lumineux mais charnu se marie à la perfection avec celui, fruité et chaud, de Marina Rebeka. La soprano lettone, remplaçant Anna Netrebko, est une Violetta idéale. Dotée d'une voix ravissante aux aigus perlés et au médium lumineux, elle déjoue toutes les embûches du rôle. Les vocalises de l'acte I ne sont qu'un jeu d'enfant pour cette belcantiste accomplie (elle ne tente pas le contre-mi bémol à la fin de "Sempre libera" mais est-il vraiment indispensable ?) et le dramatisme des dernières pages ne la met jamais en difficulté. Le personnage qu'elle dessine est touchant quoique très retenu. L'affrontement avec Germont père ou le final chez Flora la mettent particulièrement à son avantage. Dans l'acte III, Charles Castronovo et elle atteignent des sommets d'émotions avec un "Parigi, o cara" sussuré et tendre suivi d'un final déchirant.

Rebeka La Traviata, Bastille, 2018

Dan Ettinger délivre une lecture de La Traviata particulièrement intéressante. Les préludes de l'acte I et III sont éthérés et envoûtants, les musiques de fête rutilantes à souhait. Portant le drame avec passion, le chef israélien n'hésite cependant pas à faire ressortir ici ou là un instrument que d'autres versions auraient tendance à laisser se fondre dans la masse orchestrale. Les Choeurs de l'Opéra national de Paris tirent leur épingle du jeu avec brio.

Une soirée musicalement sublime grâce à un chef et aux chanteurs principaux.

Castronovo Rebeka, La Traviata, Wien, 2016

La Traviata, opéra en trois actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Francesco Maria Piave, 1853

Violetta Valéry : Marina Rebeka

Alfredo Germont : Charles Castronovo

Giorgio Germont : Placido Domingo

Flora Bervoix : Virginie Verrez

Annina : Isabelle Druet

Gastone : Julien Dran

Il Barone Douphol : Philippe Rouillon

Il Marchese d'Obigny : Tiago Matos

Dottore Grenvil : Tomislav Lavoie

Giuseppe : John Bernard

Domestico : Christian-Rodrigue Moungoungou

Commissiaonario : Pierpaolo Palloni

 

 

Direction Musicale : Dan Ettinger

Mise en scène : Benoît Jacquot

Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris

Opéra Bastille, le 25 février 2018

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15 février 2018

Saison 2018-2019 du Metropolitan Opera

La nouvelle saison du Metropoliatn Opera a été annoncée aujourd'hui. On remarque tout d'abord une certaine audace dans le choix des titres à laquelle ce théâtre ne nous a pas habitués. C'est ainsi que le directeur musical de la maison, Yannick Nézet-Séguin, dirigera Dialogues des Carmélites de Poulenc (oeuvre qui n'a plus été jouée in loco depuis 2013) avec Isabel Leonard, Adrienne Pieczonka et Karita MattilaSamson et Dalila va revenir au Met après douze ans d'absence dans une nouvelle production qui affichera Elina Garanča et Anita Rachvelishvili en alternance dans le rôle de Dalila face aux Samsons de Roberto Alagna et d'Aleksandr KoshenkoPélléas et Mélisande est également programmé cette future saison avec Isabel Leonard en Mélisande. Créé en 2017 à l'English National Opera, Marnie de Nico Muhly d'après Hitchcock sera repris sur la scène new-yorkaise avec Isabel Leonard et Christopher Maltman en Marnie et Mark Rutland.

Côté tradition, la production très classique d'Aida de Sonja Frisell sera reprise avec Anna Netrebko dans le rôle-titre face à l'Amneris d'Anita Rachvelishvili. Le Don Giovanni de Micheal Grandage reviendra sur la scène du Met porté par Luca Pisaroni et Peter Mattei dans le rôle-titre, Ildar Abdrazakof en Leporello, Stanislas de Barbeyrac (ce seront ses débuts au Met) et Pavol Breslik en Don Ottavio, Aida Garifullina et Serena Malfi en Zerlina, Susanna Phillips en Donna Elvira. La production d'Adriana Lecouvreur de David McVicar, déja jouée à Londres, Paris et Vienne, arrivera à New York. Anna Netrebko chantera le rôle-titre, Piotr Beczala sera Maurizio et Anita Rachvelishvili la Princesse de Bouillon. Sonya Yoncheva chantera Desdemone dans la production  d'Otello de Bartlett Sher créée pour elle en 2015 et le rôle-titre de Iolanta. Matthew Polenzani sera son Vaudémont et chantera également Tito dans La Clemenza di Tito avec Joyce DiDonato et Elza van den Heever.

Parmi les autres luxueux spectacles au programme de la saison 2018-2019, signalons un Ring dirigé par Philipe Jordan, le retour au Met de Juan Diego Florez après cinq ans d'absence dans La Traviata aux côtés de Diana Damrau et celui de Jonas Kaufmann dans La Fanciulla del WestPretty Yende sera Leila dans Les Pêcheurs de Perles aux côtés de Mariusz Kwiecien.

Adriana LecouvreurAidaCarmenDialogues des CarmélitesLa Fanciulla del WestLa Fille du RégimentMarnieSamson et DalilaLa Traviata et Die Walküre seront retransmis au cinéma.

Beczala Netrebko Adriana Lecouvreur, Wien, 2017

13 février 2018

Une féerie potagère ressuscitée !

Créé en 1872, Le Roi Carotte de Jacques Offenbach a connu des débuts retentissants. Il faut dire qu'avec ses six heures de musique, ses quarante personnages, sa reconstitution de Pompéi et ses scènes de foule, cet opéra féérie est un véritable blockbuster lyrique ! C'est justement ce gigantisme qui a rapidemment fait disparaître Le Roi Carotte des scènes : trop coûteux. Ce n'est qu'en décembre 2015 que l'oeuvre est revenue à la vie sur la scène de l'Opéra de Lyon dans une version revisitée et allégée par Laurent Pelly et son équipe. Reprise à l'Opéra de Lille, cette production joyeuse ne cesse d'emporter l'adhésion.

On connaît les affinités de Laurent Pelly avec le genre comique et, en particulier avec Offenbach. On se souvient de sa Belle Hélène et de sa Grande-Duchesse de Gérolstein au Châtelet, toutes deux crées autour de la très raffinée Felicity Lott. Son Orphée aux enfers lyonnais avec une Natalie Dessay pétillante et un Laurent Naouri truculent n'avait pas moins marqué les esprits. On ne change pas une recette qui marche et c'est donc entouré de Chantal Thomas et d'Agathe Mélinand que Laurent Pelly s'est attelé à la difficle tâche de faire renaître Le Roi Carotte. Agathe Mélinand a, comme à son habitude, réécrit et modernisés les dialogues parlés avec humour et efficacité. Les décors de Chantal Thomas sont plein de surprises (un potager d'où sortent le Roi Carotte et sa cour, un immense grimoire, un panier à salade en guise de geôle !) et visuellement très agréables. Dans ce parfait terrain de jeu, Laurent Pelly crée un spectacle gai, coloré et jamais ennuyeux. On ne pourrait ici énumérer tous les moments réussis de la production tant ils sont nombreux mais signalons tout de même le bal au palais, l'"éruption" très métaphorique du Vésuve, le défilé des insectes et la barricade de cageots.

Le Roi Carotte, Lille, 2018

 Le plateau se prête de bonne grâce à toutes les danses et à tous les gags qu'on lui propose. La Sorcière Coloquinte de Lydie Pruvot est désopilante et ridicule à souhait. Boris Grappe a parfois une étrange diction mais passe très bien la rampe et possède une belle voix de basse. Quel dommage que le très bon Christophe Gay soit réduit à jouer les utiliés dans le rôle de Truck ! Pas même une intervention solo chantée ! Albane Carrère est une Cunégonde très à l'aise en scène mais à la projection un peu limitée. Le Robin Luron d'Héloïse Mas est insolent et farceur à souhait. Un peu serrée dans l'aigu, la jeune mezzo balaie cependant toute réserve grâce à son abattage scénique. Le Roi Carotte de Christophe Mortagne est absolument désolipant. Quel aplomb dans son costume de légume et quelle voix volontairement ridicule sous son panache ! Dans le rôle assez réduit de Rosée du Soir, Chloé Briot fait très forte impression. Avec un très joli timbre de soprano fruité, une présence scénique très agréable et un chant généreux, elle fait de son air "Petites fleurs que j'ai vues naître" l'un des plus beaux moments de la soirée. Enfin, Yann Beuron met au service de Fridolin XXIV son timbre lumineux, sa diction précise et un chant élégant et ciselé. De plus, ce grand habitué des productions de Laurent Pelly est un acteur consommé. Son interprétation est particulièrement admirable.
Beuron Le Roi Carotte, Lille, 2018

Les Choeurs de l'Opéra de Lille ont parfois des sonorités un peu acides mais leur investissement scénique est remarquable. Claude Schnitzler prend souvent des tempi trop rapides pour les chanteurs (plusieurs sont essoufflés) et n'évite pas certains décalages (notamment dans la très belle apparition des armures, malheureusement). Mais l'enthousiasme de l'Orchestre de Picardie emporte tout de même la soirée dans de joyeux virevoltements.

En bref, une soirée très gaie, emportée par une mise en scène brillante, des chanteurs très investis et, surtout, une partition enlevée !


Montague Le Roi Carotte, Lille, 2018

 

Le Roi Carotte, opérette féerie en trois actes et onze actes de Jacques Offenbach sur un livret de Victorien Sardou, 1872

Fridolin XXIV : Yann Beuron

Le Roi Carotte : Christophe Mortagne

Robin Luron : Héloïse Mas

Cunégonde : Albane Carrère

Rosée du Soir : Chloé Briot

Truck : Christophe Gay

Pipertrunck : Boris Grappe

Coloquinte : Lydie Pruvot

 

Direction musicale : Claude Schnitzler

Mise en scène : Laurent Pelly

Orchestre de Picardie et Choeurs de l'Opéra de Lille

Opéra de Lille, le 11 février 2018

10 février 2018

Un élixir pétillant !

La production de L'Elisir d'amore de Bartlett Sher créée pour Anna Netrebko en 2012 fait les beaux jours du Metropolitan Opera où elle a été reprise plusieurs fois, notamment avec Vittorio Grigolo, Ramon Vargas, Nicola Alaimo, Erwin Schrott, Aleksandra Kurzak. Cette année, c'est la jeune sud-africaine Pretty Yende qui endosse la jupe rouge et le haut-de-forme d'Adina, entourée de Matthew Polenzani et d'Ildbrando d'Arcangelo.

Bartlett Sher est un metteur en scène très apprécié du public du Met pour lequel il a réalisé un Comte Ory très coloré, un Barbiere di Siviglia inusable et des Contes d'Hoffmann déjantés. Sa production de L'Elisir d'amore rassemble les mêmes atouts : une vision de l'oeuvre proche du livret, de beaux costumes, de nombreux gags et une direction d'acteurs au cordeau. Sur le plateau, les solistes dansent, les choristes se trémoussent en musique. Dans la salle, on ne s'ennuie pas. Mais le metteur en scène sait aussi laisser place à l'émotion et au dépouillement quand il le faut. Ainsi, les chanteurs sont-ils apaisés dans "Una furtiva lagrima" et "Prendi, per me sei libero", moments pleins de sentiment et de simplicité.

Le plaisir est aussi en rendez-vous au niveau de la distribution. D'après les critiques qui l'ont vue en salle, la Giannetta d'Ashley Emerson n'était pas très audible. Les micros de la transmission au cinéma viennent corriger ce défaut et permettent d'apprécier une jolie voix de soprano un peu acidulée. Davide Luciano, jeune baryton italien, fait ses débuts au Metropolitan Opera dans le rôle de Belcore et délivre une prestation impeccable. La voix est jeune et brillante, la vocalise sûre et audacieuse, la présence scénique idéale. L'autre Italien de la distribution, c'est Ildebrando d'Arcangelo dont on ne présente plus le Dulcamara. Eclatant de santé vocale, jouant d'un timbre cuivré et d'une maîtrise du chant syllabique assez incroyable, la basse est de plus un comédien consommé. Véritable cabotin, il emporte l'adhésion d'une salle rendue hilare par ses grimaces, ses gesticulations et ses pas de danse.

D'Arcangelo Yende L'Elisir d'amore, Met, 2018

Pretty Yende joue les bourreaux des coeurs avec malice. Son Adina respire le bonheur et la coquetterie. D'une voix ronde et chaude, la soprano sud-américaine montante dessine une ligne de chant très pure. Ses suraigus sont précis et colorés, ses vocalises inventives mais très respectueuses du style. Enfin, Matthew Polenzani reprend avec bonheur l'un de ses rôles fétiches. Le timbre est, certes, un peu nasal, mais le chant si élégant qu'on oublie rapidement ce petit désavantage. L'aigu de ce Nemorino est généreux, sa ligne impertubable. Son interprétation du celébrissime "Una furtiva lagrima" lui vaut une ovation bien méritée. En effet, quelle conduite du souffle, quelle émotion dans chaque mot ! Quant au personnage, il est émouvant mais très drôle.

Luciano Yende L'Elisir d'amore, Met, 2018

Le chef vénézuélien Domingo Hindoyan fait ses débuts à la tête de l'Orchestre du Metropolitan Opera. C'est d'une baguette enlevée mais sans précipitation que le jeune chef dirige cet Elisir d'Amore. Sans jamais verser dans la vulgarité, il insuffle une vitalité et une agitation indispensable à la soirée.

On sort de cette joyeuse représentation le sourire aux lèvres et le coeur plus léger. Sans doute les effets de l'élixir !

Polenzani, L'Elisir d'amore, Met, 2018

L'Elisir d'amore, melodramma giocoso en deux actes de Gaetano Donizetti sur un livret de Felice Romani, 1832

Adina : Pretty Yende

Nemorino : Matthew Polenzani

Il Dottore Dulcamara : Ildebrando d'Arcangelo

Belcore : Davide Luciano

Giannetta : Ashley Emerson

 

Direction musicale : Domingo Hindoyan

Mise en scène : Bartlett Sher

Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera

En direct du Metropolitan Opera, le 10 février 2018

9 février 2018

Ludovic Tézier, sublime Rigoletto

 C'est en plein air, dans le cadre magique du parc de l'Hôtel de Ville de Hannovre, qu'a eu lieu cette représentation de Rigoletto. Présenté dans une version de concert mais avec une mise en espace très poussée, ce Rigoletto est joué dans des costumes et des décors contemporains. Il ya de beaux moments de théâtre, notamment le duo entre Gilda et Rigoletto au II ou l'assassinat de Gilda au III. Certains passages sont moins heureux. On pense en particulier à l'enlèvement de Gilda ou à l'apparition de Monterone au II, tous deux désamorcés par la sortie des personnages parmi les spectateurs.

Au milieu de comprimari assez sommaires, la Maddalena de Varduhi Abrahamyan détonne. Voix ambrée et profonde, chant sensuel, la mezzo arménienne est très en phase avec son rôle. Stephen Costello joue d'un physique avantageux et d'un médium moelleux pour camper un beau Duc de Mantoue. Même si on aurait pu souhaiter lui trouver plus d'aisance dans l'aigu, on ne peut qu'apprécier la noirceur de cette incarnation. On ne présente plus la Gilda de Nadine Sierra. A 29 ans, la soprano américaine a chanté ce qui est devenu son rôle fétiche sur toutes les grandes scènes lyriques (Scala, Met, Paris...). On retrouve avec plaisir une voix fraîche et juvénile en parfaite symbiose avec le rôle, des aigus faciles et lumineux. De plus, son médium s'enrichit de plus en plus, ses graves sont devenus sombres et émouvants ce qui lui permet d'être parfaite dans le final. Scéniquement, la jeune soprano a un physique parfait pour Gilda et en brosse un portrait de jeune fille fragile mais frémissante d'amour. A ses côtés, Ludovic Tézier incarne magistralement Rigoletto. Sa voix de baryton verdien lumineuse et chaude fait merveille dans ce rôle. On y trouve à la fois les accents autoritaires et brutaux indispensables à la première scène chez le Duc et toute la douceur nécessaire à ses scènes avec Gilda. Son interprétation de "Cortigiani, vil razza dannata" est une des plus belles qu'il nous ait été donné d'entendre. Les premiers accents de colère sont chantés avec une vaillance sans faille. Mais que dire ensuite de cette prière, si humble et si pathétique  ("Miei signori, pietà") ? La conduite du souffle interminable, le fruité du timbre, l'émotion, tout y est. Et que ce soit dans l'invective ou dans la supplication, quelle intelligence du texte ! Pas un mot qui ne soit pas chargé de sens, pas une syllabe qui ne soit éclairée d'une couleur nouvelle. C'est l'art de chanter Verdi à son apogée. La représentation se finit sur un "Ah la maledizione !" bouleversant, à l'image de toute la représentation.

La magistrale interprétation de Rigoletto par Ludovic Tézier est à revoir sur le site de la Norddeutsche Rundkunft.

Sierra Tézier Rigoletto, Hannover, 2017

 

Rigoletto,melodramma en trois en actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Francesco Maria Piave, 1851

Rigoletto : Ludovic Tézier

Gilda : Nadine Sierra

Il Duca di Mantova : Stephen Costello

Sparafucile : Franz Hawlata

Maddalena : Varduhi Abrahamyan

Il Conte di Monterone : Martin-Jan Nijhof

Marullo : Matthias Winckhler

Giovanna : Yajie Zhang

Matteo Borsa : Gevorg Aperants

Il Conte di Ceprano : Daniel Eggert

La Contessa di Ceprano : Ania Vegry

Paggio della Duchessa : Marlene Gassner

Usciere di Corte : Jong Soo Ko

 

Direction musicale : Kery-Linn Wilson

NDR Radiophilarmonie et Festivalchor Hannover

Maschpark, Neues Rathaus, Hannover, 22 juillet 2017

 

4 février 2018

Le goût du risque

Critique de The Verdi Album

Si l'on devait brosser un portrait de Sonya Yoncheva, on insisterait sans aucun doute sur sa curiosité et sa témérité. Rares sont celles qui, à 36 ans, peuvent se vanter d'avoir un répertoire allant de Poppea (L'Incoronazione di Poppea, Monteverdi) à Tosca de Puccini. Aux rôles typiques d'une jeune soprano lyrique (Mimi de La Bohème, Antonia des Contes d'Hoffmann, Gilda de Rigoletto), Sonya Yoncheva ajoute à une rapidité déconcertante des rôles de plus en plus dramatiques : Desdemona d'OtelloNorma, Elisabeth de Don Carlos... Le présent récital verdien, paru chez Sony Classical ce 2 février, est un reflet assez fidèle de l'insatiabilité de l'artiste bulgare. Plus de traces de ses rôles lyriques passés, nous sommes ici dans la chasse gardée des sopranos dramatiques.

Deux plages, disons le d'emblée, ne nous ont pas convaincue. L'air d'Odabella extrait d'Atilla met Sonya Yoncheva en difficulté dans l'aigu. Quant au redoutable air d'Abigaille, extrait de Nabucco, il est à double tranchant. "Anch'io dischiuso un girono" est chanté avec beaucoup de finesse, de douceur et avec un très beau phrasé. La strette, par contre, ne met pas la jeune chanteuse à son avantage. Elle exprime avec peine l'accès de fureur du personnage et coupe la reprise de la cabalette. Peut-être aurait-il mieux fallu ne pas la chanter du tout ou, du moins, ne pas terminer le récital sur elle ?

Le reste du récital, cependant, offre de belles réussites. Ainsi, "Tu puniscimi, o Signore" est un très beau moment de théâtre où l'indignation du personnage est exprimée par des graves poitrinés du plus bel effet et des aigus incisifs. Dans la strette du Trovatore, "Di tale amor che dirsi", les trilles et les aigus sont perlés et élégants. L'air de Leonora dans La Forza del Destino est une prière douloureuse et très émouvante, couronnée par une "Maledizione" pleine d'effroi. Le plus bel air de l'album reste sans doute l'"Ave Maria" extrait d'Otello où Sonya Yoncheva fait montre d'un médium moelleux qu'elle met au service d'un chant éthéré et gracieux.

Un beau récital en somme, avec de très beaux moments mais, malheureusement, quelques airs qui auraient gagnés à être abordés avec plus de maturité.

The Verdi Album Sonya Yoncheva Sony Classical 2018

The Verdi Album

Sonya Yoncheva, soprano

Münchner Rundkunftorchester

Direction musicale : Massimo Zanetti

 

1.      « Tacea la notte placia... Di tale amor che dirsi» - Il Trovatore

2.      « Tu puniscimi, o Signore » - Luisa Miller

3.      «  Liberamente or piangi... Oh! Nel fuggente nuvolo» - Attila

4.      « Tosto ei disse!... A te ascenda, o Dio clemente» - Stiffelio

5.      « Pace! Pace, mio Dio! » - La Forza del Destino

6.      « Ave Maria, piena di grazia » - Otello

7.      « Come in quest'ora bruna» - Simon Boccanegra

8.      « Tu che le vanità... Francia, nobil suol» - Don Carlo

9.      « Anch'io dischiuso un giorno... Salgo già del trono aurato» - Nabucco

CD Sony Classical 2018

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