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OpéraBlog

3 février 2018

Saison anniversaire de l'ONP

 

 

Damrau Tézier La Traviata, Bastille, 2014

La saison 2018-2019 de l'Opéra National de Paris est placée sous le signe d'un double anniversaire : les trois cent cinquante ans de l'Académie royale de musique et les trente ans de l'Opéra Bastille. Stéphane Lissner et son équipe ont mis les petits plats dans les grands pour célébrer dignement un tel événement.

L'opéra français sera mis à l'honneur cette saison. Une nouvelle production des Huguenots de Meyerbeer sera confiée à Andreas Kriegenburg pour ses débuts en France. Pour fêter dignement le retour de cette oeuvre sublime et emblématique du grand opéra à l'ONP après plus de 80 ans d'absence, une distribution d'exception a été réunie sous l'élégante baguette de Michele Mariotti. Byran Hymel (Raoul), Ermonela Jaho (Valentine), Nicolas Testé (Marcel), Karine Deshayes (Urbain) et bien d'autres entoureront Diana Damrau pour ses débuts en Marguerite de Valois. D'après son enregistrement d'"Ô beau pays de la Touraine" dans son récent récital consacré à Meyerbeer, on ne peut que se réjouir d'avance. Dans le cadre du cycle Berlioz dirigé par Philippe Jordan, Dmitri Tcherniakov signera une nouvelle production des Troyens. Stéphanie d'Oustrac et Elīna Garanča feront leurs débuts respectivement en Cassandre et en Didon. Nul doute que ces deux immenses mezzo sauront incarner avec passion ces deux héroïnes tragiques. Enfin, la Carmen de Calixto Bieito sera reprise avec Anita Rachvelishvili et Roberto Alagna.

Le belcanto italien sera également bien représenté. Vittorio Grigolo sera Nemorino dans une reprise de L'Elisire d'amore par Laurent Pelly. Le futur Don Pasquale de Michieletto sera repris avec Michele PertusiPretty Yende et Mariusz Kwiecien. Enfin, La Cenerentola par Gallienne sera de retour avec une distribution entièrement renouvelée : Marianne CrebassaLawrence Brownlee, Alessandro Corbelli...

L'opéra italien plus tardif se réduira à des oeuvres de Verdi et de Puccini. Mais avec quelles distributions et quelles productions ! Un nouveau Simon Boccanegra sera créé par Calixto Bieito pour permettre à Ludovic Tézier de faire ses débuts scéniques dans le rôle-titre. Maria Agresta sera sa fille Amelia. Roberto Alagna sera Otello aux côtés de la Desdemona d'Aleksandra Kurzak, Anja Harteros Leonora dans La Forza del DestinoLa Traviata sera très présente en 2018 et 2019. Il y aura d'abord une reprise de la production de Benoît Jacquot de septembre à décembre 2018. On pourra y voir plusieurs distributions d'où émergent Ermonela JahoAleksandra Kurzak, Charles Castronovo, Ludovic Tézier et Luca SalsiSimon Stone créera une nouvelle mise en scène pour septembre 2019. Pretty Yende y chantera sa première Violetta sous la baguette de Michele MariottiJonas Kaufmann sera Cavaradossi dans une reprise de la Tosca de Pierre Audi. Face à lui, les Tosca successives d'Anja HarterosSonya Yoncheva et Martina Serafin et le Scarpia de Luca Salsi.

L'opéra allemand sera représenté par trois spectacles. Philippe Jordan dirigera Tristan und Isolde dans la mise en scène de Peter Sellars. Martina SerafinEkaterina GubanovaRené Pape et Matthias Goerne constitueront une distribution de haute volée. Die Zauberflöte selon Robert Carsen sera reprise et une nouvelle production de Don Giovanni  viendra poursuivre le cycle Da Ponte initié en 2017 avec Così fan tutte.

Le doublé Iolanta/Casse-noisette imaginé par Techrniakov sera repris en mai 2019. L'opéra russe sera également représenté par une nouvelle Lady Macbeth de Mzensk et une reprise du Prince Igor.

Pour ce qui est du baroque, René Jacobs viendra diriger une rareté : Il Primo Omiccidio de Scarlatti. Les Indes Galantes seront présentées à l'Opéra Bastille (!) en septembre 2019 avec une jeune distribution française réunissant Sabine Devielhe, Florian Sempey, Stanislas de Barbeyrac et Alexandre Duhamel.

C'est donc une saison très équilibrée qui nous est proposée cette annnée par l'Opéra national de Paris. On ne peut que louer la forte présence d'artistes français montants (Marianne Crebassa, Sabine Devielhe...) et confirmés (Ludovic Tézier, Stéphane Degout, Stéphanie d'Oustrac, Karine Deshayes...). 

 

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1 février 2018

Trois prises de rôle éblouissantes à Monte-Carlo

Florez Peretyatko Les Contes d'Hoffmann, Monte Carlo, 2018

C'est à l'Opéra de Monte Carlo qu'Olga Peretyatko, Juan Diego Florez et Nicolas Courjal ont fait leurs débuts dans les trois rôles principaux des Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach. La belle et illustrative mise en scène de Jean-Louis Grinda sert de luxueux écrin à ces prises de rôles. Nicolas Courjal, tout d'abord, dans le rôle des quatre diables est ensorcelant. Son magnétique timbre d'airain, ses graves rocailleux, son art du mot font de lui un interprète idéal. Olga Peretyatko relève haut la main le défi que représentent les trois rôles féminins. Sa virtuosité et ses aigus d'une implacable précision font merveille dans l'acte d'Olympia. Son phrasé comme une caresse et la charge émotionnelle de son chant sont excatement ce qui convient au rôle d'Antonia. Enfin, son timbre plein, doré, enjôleur correspond parfaitement à Giulietta. Pendant toute la soirée, l'excellence de sa composition théâtrale lui permet d'être aussi crédible en poupée mécanique qu'en fille hantée par le deuil de sa mère ou en courtisane cupide et sans coeur. Elle trouve en Juan Diego Florez un partenaire à sa mesure. Son timbre éternellement jeune confère à Hoffmann une certaine naïveté dans l'acte d'Olympia. Rapidement, à mesure que le drame s'assombrit, le ténor péruvien trouve des couleurs plus tragiques qu'on ne lui connaissait pas forcément. C'est ainsi qu'il se révèle aussi à l'aise dans les passages les plus enflammés de l'acte de Giulietta que dans les moments plus élégiaques (un "C'est une chanson d'amour" de toute beauté). Juan Diego Florez incarne un Hoffmann illuminé, déséspéré, profondément touchant dans ses échecs. De plus, on ne vantera jamais assez la qualité hors-norme de sa diction française. Pas un mot n'échappe à la compréhension, tous sont dits avec clarté et émotion.

 

Courjal Peretyatko Les Contes d'Hoffmann, Monte Carlo, 2018

 

 

 

Vous pouvez revoir cette soirée du 31 janvier 2018 sur Culturebox.

 

28 janvier 2018

Mai Sonya alla scena più tragica fu !

C'est avec une distribution totalement différente de celle annoncée intialement que cette Tosca a été diffusée au cinéma, clôturant ainsi la première vague de représentations (une seconde aura lieu en avril avec Anna Netrebko dans le rôle-titre). Vittorio Grigolo chantait Cavaradossi à la place de Jonas Kaufmann, Sonya Yoncheva Tosca à celle de Kristine Opolais et Željko Lučić Scarpia à celle de Bryn Terfel. Quant au chef français Emmanuel Villaume, il remplaçait James Levine, évincé de la production car récemment accusé d'abus sexuels. Seul "rescapé" de la brochure de saison, Sir David McVicar propose une vision de l'oeuvre très fidèle au livret, plus susceptible de plaire aux goûts du public new-yorkais que la décriée production de Luc Bondy. Les décors sont très imposants, reproductions très appliquées des lieux romains réels de l'action. La salle semble apprécier cette vision conservatrice, allant même jusqu'à applaudir le salon de Scarpia au Palais Farnèse. Les costumes sont également somptueux, notamment les trois robes portées à merveille par Sonya Yoncheva. La direction d'acteurs reste traditionnelle et certains gestes semblent émaner tout droit d'une mise en scène de Visconti (Tosca posant des flambeaux à côté du cadavre de Scarpia, par exemple).

 

Grigolo Yoncheva, Tosca, Met, 2018

Dans cet écrin, les trois chanteurs principaux peuvent laisser libre cours à un chant passionné. Željko Lučić est un Scarpia qui murmure plus souvent qu'il ne crie mais pourquoi pas ? Le personnage n'en paraît que plus abject. Sa confrontation de l'acte II avec Tosca est particulièrement convaincante, dans le jeu comme dans le chant, tantôt violent, tantôt insinuateur et incisif. On regrettera simplement un certain excès de vérisme pendant son assassinat. Est-il vraiment besoin de faire entendre les râles du chef de la police quand la soprano et l'orchestre expriment déjà toute l'horreur de la situation ?Lucic Yoncheva, Tosca, Met, 2018Nous avouons avoir craint que le rôle de Cavaradossi ne soit trop lourd pour le ténor lyrique qu'est Vittorio Grigolo. Toutes nos craintes ont été rapidement balayées par un "Recondita armonia" solaire, passionné et généreux. L'artiste italien éblouit par son aisance scénique, son "italianità" (si bénéfique au rôle) et ses aigus percutants. On a rarement entendu chanter le redoutable "Vittoria" du II avec autant d'aplomb et de facilité. Enfin, le chanteur émeut dans "E lucevan le stelle", véritable ode à la vie et aux plaisirs des sens. Grigolo Yoncheva Tosca, Met, 2018Sonya Yoncheva, en prise de rôle, chante Tosca comme si elle l'avait chantée toute sa vie. Mieux, il semblerait que le rôle ait été écrit pour elle. La fraîcheur et la plénitude de sa voix de soprano lyrique expriment à merveille la jeunesse du personnage, le moelleux de son timbre sa soif d'amour et de sensualité. Ses aigus rayonnants sont tour à tour les poignards de la jalousie et les cris de douleur, son grave capiteux l'expression d'une terreur indicible. De bout en bout, la soprano bulgare est un personnage de chair et de sang : amante passionnée et à la fois profondément innocente dans son premier duo avec Cavaradossi, femme déchirée et justicière impitoyable face à Scarpia dans l'acte II, héroïne brisée dans le III. Pour couronner le tout, Grigolo et elle forment un très beau couple sur scène. Que pourrait-on demander de plus à une Tosca ?Lucic Yoncheva Tosca, Met, 2018Dans la fosse, l'orchestre du Metropolitan Opera étire un tapis de son sous les voix. Toute la passion et la violence du drame sont là, sous la baguette d'Emmanuel Villaume.

A voir à tout prix !

Tosca, opéra en trois actes de Giacomo Puccini sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, 1900

Floria Tosca : Sonya Yoncheva

Mario Cavaradossi : Vittorio Grigolo

 Il barone Scarpia : Željko Lučić  

Il sagrestano : Patrick Carfizzi

 

Direction musicale : Emmanuel Villaume

Mise en scène : David McVicar

Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera

En direct du Metropolitan Opera, le 27 janvier 2018

1 janvier 2018

Ludovic Tézier et Elina Garanca élus chanteur et chanteuse de l'année

Vous avez voté et voici les résultats de l'élection du chanteur et de la chanteuse de l'année ! Dans la catégorie chanteuse,  Elīna Garanča gagne haut la main avec 58 pourcents des voix. Derrière elle, Joyce DiDonato, Salome Jicia et Nina Stemme ont obtenu 14 pourcents chacune. Dans la catégorie chanteur, c'est Ludovic Tézier qui remporte haut la main le titre de chanteur de l'année avec 71 pourcents des voix, suivi par Juan Diego Florez et Jonas Kaufmann.

Elīna Garanča a été présente pour deux productions sur la scène de l'Opéra de Paris cette année. Elle a été une Carmen incandescente le temps d'une représentation d'exception aux côtés de Roberto Alagna au mois de juillet. Elle est revenue cet automne pour faire ses débuts verdiens en Princesse Eboli dans un Don Carlos à la distribution flamboyante. Alors que tous attendaient la première Elisabeth de Sonya Yoncheva, c'est Elīna Garanča qui avait retenu toute l'attention en délivrant une interprétation captivante. En dehors de nos frontières, la mezzo lettone a été un Octavian remarquable aux côtés de la dernière Maréchale de Renée Fleming au Metropolitan Opera et une Léonore captivante dans La Favorite à Munich. Elle a fini son année en Santuzza de Cavalleria Rusticanna à Londres.

Elina Garanca

Ludovic Tézier a chanté le rare Werther pour baryton aux côtés de la Charlotte de Sophie Koch au Wiener Staatsoper. Il y a aussi endossé le costume de Don Giovanni, rôle mozartien qu'il n'avait pas chanté depuis de nombreuses années, montrant ainsi qu'il n'avait pas perdu la fraîcheur vocale nécessaire. Il est également revenu au rôle de Lord Ashton dans Lucia di Lammermoor au Bayerische Staatsoper aux côtés de Diana Damrau et de Piotr Beczala. Le reste de l'année du baryton a été placée sous le signe de Verdi. Le Wiener Staatsoper l'a ainsi vu en Conte di Luna du Trovatore aux côtés d'Anna Netrebko. Tous deux ont conquis un public viennois en délire. Ludovic Tézier a ensuite fait ses débuts dans le rôle-titre de Simon Boccanegra au Théâtre des Champs Elysées et à l'Opéra de Monte Carlo. Cette nouvelle prise de rôle verdien réussie haut la main et unanimement saluée par la critique laissait présager le meilleur pour Iago, rôle qu'il devait aborder pour la première fois aux côtés de Maria Agresta et de Jonas Kaufmann à Londres. Mais la direction du Royal Opera House l'a très injustement remercié pour un motif futile. Dans le Don Carlos absolument époustouflant donné à l'Opéra de Paris cet automne, Ludovic Tézier s'est révélé un Rodrigue magistral, aussi bien vocalement que scéniquement. Enfin, le baryton français a donné un concert dédié à Dmitri Hvorostovsky à l'Opéra National de Lorraine, entourés de jeunes chanteurs choisis par ses soins.

 

Ludovic Tézier

 

29 décembre 2017

Au mois d'avril 2017, à Strasbourg, John Nelson,

Au mois d'avril 2017, à Strasbourg, John Nelson, chef passionné de Berlioz, a dirigé une version de concert ambitieuse des Troyens. Autour de la très admirée mezzo américaine Joyce DiDonato et du très en vogue Michael Spyres était réunie une distribution très ambitieuse, harmonieusement constituée de chanteurs français très prometteurs ou déjà confirmés et de quelques artistes moins idiomatiques mais tout aussi brillants. Warner Classics a enregistré cette soirée et deux jours de "patch" pour en faire une intégrale comme on en fait rarement aujourd'hui.

Les petits rôles, ceux qui se résument à quelques interventions, sont globalement très bien chantés. Dans les rôles des deux sentinelles, Jérôme Varnier et Frédéric Caton croquent deux beaux et drôles portraits de gens simples et un peu triviaux. L'Ombre d'Hector de Jean Teitgen est captivante, comme il se doit. Sa voix belle et profonde confère au personnage un magnétisme et un mystère tout à fait à propos. Stanislas de Barbeyrac, ténor français appelé à une très belle carrière, est un Hylas de très grand luxe. Très à l'aise dans l'aigu, il possède de plus un grave moelleux qui traduit à merveille la mélancolie du personnage. Cyrille Dubois possède quant à lui toute la légèreté et la poésie indispensable au musicien de la cour de Didon. Philippe Sly est un très beau Panthée, à la voix idéalement cuivrée et au chant vaillant. L'Ascagne de très haut vol de Marianne Crebassa évoque irrésistiblement la jeune Stéphanie d'Oustrac dans la production du Châtelet de 2003. Le timbre chatoyant et juvénile, l'aigu aussi gracieux que facile, l'intelligence du mot leur sont communs.

Courjal DiDonato Dubois Hipp Spyres, Strasbourg, 2017

Le Chorèbe de Stéphane Degout domine sans peine les deux actes de la chute de Troie. Il éblouit dans le duo avec Cassandre par la délicatesse et la conduite de son phrasé, la flamboyance de ses aigus et la chaleur de son médium. A l'acte II, il fait montre d'une vaillance sans faille dans le choeur "Aux armes, grand Enée !". Quel dommage, ne peut-on s'empêcher de penser, que Berlioz n'est pas écrit plus de musique pour ce rôle !

Face à lui, la Cassandre de Marie-Nicole Lemieux s'avère quelque peu décevante. La tessiture de la princesse troyenne, initialement prévue pour une mezzo à l'aigu facile ou pour une soprano aux graves généreux, paraît tendue pour la contralto canadienne. De plus, le magnétisme qu'elle sait insuffler dans la salle transparaît difficilement au disque.

La cour de Didon est dominée par les voix graves d'Hanna Hipp et de Nicolas Courjal. La première incarne une Anna sensible et touchante. Un grave joliment profond et des aigus colorés lui permettent de ne pas rougir dans son duo avec Joyce DiDonato. Nicolas Courjal est majestueux en Narbal. Voix de bronze et rocailleuse à l'extrémité grave de la tessiture, il sait aussi faire trembler quand il annonce l'invasion de Carthage par les Africains ou quand il maudit Enée et les Troyens.

Michael Spyres est un Enée plus que convaincant. Son timbre clair mais chaud exprime parfaitement la séduction du héros troyen, sa vaillance et ses aigus faciles éblouissent dans les pages les plus héroïques (premier tableau de l'acte II, final de l'acte III). Le ténor américain emporte haut la main le défi que représente le ô combien périlleux air d'entrée d'Enée "Du peuple et des soldats". 

Crebassa Hipp Sly Spyres, Strasbourg, 2017

La reine de la soirée, cependant, est Joyce DiDonato, Didon aussi noble qu'émouvante. Tout d'abord éblouissante de maîtrise technique, elle fait montre d'une homogénéité sans faille sur toute la tessiture, d'aigus aussi rayonnants que son médium est moelleux. Et quelle incarnation ! Ne se départissant jamais d'un port altier et royal, la mezzo américaine n'a jamais été aussi touchante qu'en reine de Carthage. Les accès de fureur ("Errante sur tes pas", "En mer, voyez six vaissaux", "Mon souvenir vivra") sont tout aussi émouvants que les émois amoureux ("Sa voix fait naître dans mon sein"). Le duo "Nuit d'ivresse" est chanté du bout des lèvres avec une tendre poésie. Et que dire de son "Adieu fière cité" mélancolique et noble ou de son entrée, "Chers Tyriens", où Joyce DiDonato exprime si bien l'amour de Didon pour son peuple ? Cette éblouissante prise de rôle est arrivée à point nommé dans la carrière de l'immense belcantiste.

L'artisan de cet enregistrement, John Nelson, tire des merveilles de l'Orchestre philarmonique de Strasbourg. Rutilant dans les passages les plus pompiers, chatoyant dans les pages les plus intimistes, l'orchestre est magnifique de contrastes et de créations d'atmosphères. Les Choeurs pourraient avoir une diction plus claire mais on leur pardonne ce défaut tant le son des voix est somptueux.

On ne peut qu'apprécier cette version de très haut niveau de nos jours, quand les intégrales d'opéra se font si rares.Degout DiDonato Spyres, Strasbourg, 2017

Les Troyens, Hector Berlioz, 1863

Didon : Joyce DiDonato

Enée : Michael Spyres

Cassandre : Marie-Nicole Lemieux

Chorèbe : Stéphane Degout

Narbal : Nicolas Courjal

Ascagne : Marianne Crebassa

Anna : Hanna Hipp

Iopas : Cyrille Dubois

Panthée: Philippe Sly

Hélénus/Hylas : Stanislas de Barbeyrac

Ombre d'Hector/Mercure : Jean Teitgen

Priam : Bertrand Grunenwal

Hécube : Agnieszka Slawinska

Chef grec : Richard Rittelmann

Première sentinelle : Jérôme Varnier

Deuxième sentinelle : Frédéric Caton

 

Direction musciale : John Nelson

Orchestre et choeur philarmoniques de Starsbourg, Choeurs de l'ONR et Badischer Staatsopernchor

Un CD Erato/Warner classics enregistré les 15, 17 et 18 avril 2017 dans la salle Erasme à Strasbourg

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10 décembre 2017

Elisez le chanteur et la chanteuse OpéraBlog 2017

Cette année encore, OpéraBog vous propose d'élire le chanteur ET la chanteuse de l'année. Pour se faire, choisissez deux noms parmi cette liste de .. artistes et écrivez en commentaire quel chanteur et quelle chanteuse vous souhaitez élire avant le 31 décembre. Les résultats seront publiés dans la journée du 1er janvier 2018.

Les Chanteurs

  1. Ildar Abdrazakof
  2. Roberto Alagna
  3. Marcelo Alavrez
  4. Carlos Alvarez
  5. Frédéric Antoun
  6. Aleksandrs Antonenko
  7. Ildebrando d’Arcangelo
  8. Alessio Arduini
  9. Stanislas de Barbeyrac
  10. Piotr Beczala
  11. Yann Beuron
  12. Paolo Bordogna
  13. Pavol Breslik
  14. Joseph Calleja
  15. Javier Camarena
  16. Charles Castronovo
  17. Max Emmanuel Cencic
  18. Alessandro Corbelli
  19. Stéphane Degout
  20. Placido Domingo
  21. Cyrille Dubois
  22. Christophe Dumaux
  23. Franco Fagioli
  24. Juan Diego Florez
  25. Vittorio Grigolo
  26. Thomas Hampson
  27. Brian Hymel
  28. Philippe Jaroussky
  29. Jonas Kaufmann
  30. Gregory Kunde
  31. Mariusz Kwiecien
  32. Ambrogio Maestri
  33. Peter Mattei
  34. Francesco Meli
  35. Maxim Mironov
  36. John Osborn
  37. René Pape
  38. Michele Pertusi
  39. Luca Pisaroni
  40. Matthew Polenzani
  41. Luca Salsi
  42. Erwin Schrott
  43. Florian Sempay
  44. Piero Spagnoli
  45. Michael Spyres
  46. Roberto Tagliavini
  47. Nicolas Testé
  48. Ludovic Tézier 
  49. Rolando Villazon
  50. Kwangchul Youn

 

 

Les Chanteuses

  1. Varduhi Abrahamyan
  2. Maria Agresta
  3. Kate Aldrich
  4. Anna Caterina Antonnaci
  5. Daniella Barcellona
  6. Cecilia Bartoli
  7. Patricia Ciofi
  8. Marianne Crebassa
  9. Diana Damrau
  10. Karine Deshayes
  11. Mariella Devia
  12. Sabine Deviehle
  13. Joyce DiDonato
  14. Oksana Dyka
  15. Renee Fleming
  16. Amanda Forsythe
  17. Barbara Frittoli
  18. Julie Fuchs
  19. Sonia Ganassi
  20. Elina Garanca
  21. Aida Garifullina
  22. Vivica Genaux
  23. Véronique Gens
  24. Angela Gheorghiu
  25. Anne-Catherine Gillet
  26. Edita Gruberova
  27. Anja Harteros
  28. Ermonela Jaho
  29. Salome Jicia
  30. Simone Kermes
  31. Marie-Nicole Lemieux
  32. Kate Lindsay
  33. Annick Massis
  34. Anna Netrebko
  35. Danielle de Niese 
  36. Kristine Opolais 
  37. Stéphanie d’Oustrac
  38. Olga Peretyatko
  39. Patricia Petibon
  40. Sandrine Piau
  41. Sondra Radvanovsky
  42. Marina Rebeka
  43. Ekaterina Semenchuk
  44. Martina Serafin
  45. 41.   Ekaterina Siurina
  46. Nina Stemme 
  47. Béatrice Uria-Monzont 
  48. Eva-Maria Westbroek
  49. Pretty Yende
  50. Sonya Yoncheva

Chanteut Chanteuse 2015

23 novembre 2017

Décès de Dmitri Hvorostovsky

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris hier matin la mort du bayrton russe Dmitri Hvorostovsky, emporté par la tumeur au cerveau qu'il combattait depuis deux ans et demi. Chanteur émérite invité sur les scènes les plus prestigieuses du monde, il avait commencé sa carrière dans les années 80, avec le rôle de Marullo (Rigoletto) dans l'opéra de sa ville natale, Krasnoïarsk, en Sibérie. Sa victoire au BBC Cardiff Singer of the World Competition l'avait propulsé sur la scène internationale en 1989. Il avait fait ses débuts à l'ouest dans La Dame de pique à l'opéra de Nice en 1989. Rapidemment, il s'était imposé sur les scènes les plus renommées du monde (Royal Opera House de Londres, Metropolitan Opera, Opéra National de Paris, Scala de Milan...) dans le rôle-titre d'Eugène Onéguine, entre autres.  Ces dernières années, Dmitri Hvorostovsky se consacrait essentiellement au répertoire verdien : Germont (La Traviata), Conte di Luna (Il Trovatore), Renato (Un ballo in Maschera), Posa (Don Carlo), Don Carlo (Ernani)... Ayant annoncé sa maladie en juin 2015, il avait dû réduire ses apparitions sur scènes. En automne 2015, il était cependant réapparu sur la scène du Met dans Il Trovatore aux côtés d'Anna Netrebko pour trois représentations qui lui avaient valu un accueil délirant du public et des critiques très chaleureuses. Le 10 novembre était sorti une intégrale de Rigoletto gravée en studio pour le label Delos où il chantait le rôle-titre aux côtés de Nadine Sierra. La voix de Dmitri Hvorostovsky était de celles qui emplissent la salle sans effort, dont le timbre est aussi homogène que la pâte vocale chaude et profonde. C'est un très grand artiste et une voix hors du commun que nous avons perdus.

Dmitri Hvorostovsky

30 octobre 2017

Résultats des Echo Klassik 2017

Aujourd'hui, la cérémonie ECHO Klassik a eu lieue à l'Elbphilarmonie (Hambourg), récompensant plus d'une cinquantaine d'artistes. Le prix de chanteuse de l'année a été décerné à Joyce DiDonato, récompense qu'elle reçoit pour la quatrième fois, celui de chanteur de l'année à Matthias Goerne. La soprano sud-africaine Pretty Yende s'est vue attribué le prix de jeune artiste montant dans la catégorie chant. Aida Garifullina et Marianne Crebassa ont reçu toutes les deux une récompense pour le meilleur morceau en soliste (catégorie récital de chant pour la première, catégorie duo/ air d'opéra pour la seconde). Enfin, le prix du bestseller de l'année a été décerné au récital Dolce Vita de Jonas Kaufmann.

Aida Garifullina et Pretty Yende aux Echo Klassik

23 octobre 2017

Don Carlos au firmament

En 1867 était créé, à l'Opéra de Paris, Don Carlos, vingt-sixième opéra de Giuseppe Verdi. Jugée trop longue, donc coupée puis entièrement remaniée pour une version italienne en quatre actes seulement, la version française de cet opéra est longtemps restée  dans l'ombre de la version milanaise. Suite à l'initiative de Stéphane Lissner, l'Opéra national de Paris a remonté cette année une version intégrale de Don Carlos, en français, avec tous les morceaux coupés avant et après la première parisienne, mais sans le ballet. A cette occasion, une distribution d'exception a été réunie sous la baguette du directeur musical de la maison, Philippe Jordan : Jonas Kaufmann, Ludovic Tézier, Elīna Garanča, Sonya Yoncheva, Ildar Abdrazakov. La mise en scène a été confiée au Polonais Krzysztov Warlikowski.

L'action, transposée dans les années 50, se déroule dans des espaces tantôt immenses tantôt confinés, toujours écrasants et étouffants. Tout commence à Saint-Just où Don Carlos se remet d'une tentative de suicide. Dans son esprit torturé, il revoit sa rencontre avec Elisabeth à Fontainebleau. Cette scène de bonheur fugitif est particulièrement réussie. Le coup de foudre immédiat entre les deux personnages, peu crédible d'ordinaire, est ici magnifié par le souvenir de l'infant. L'acte II est un retour au présent, à Saint-Just où l'esprit malade de Don Carlos croit apercevoir le spectre de Charles Quint. Saint-Just est ici représenté par l'immensité du plateau de Bastille, entièrement parqueté. A jardin, une table sur laquelle est posée une croix et une buste de Charles Quint, à cour un lit de camp bleu roi qui ne quittera pas la scène. L'acte II se poursuit non pas dans les jardins du cloître mais dans une salle d'escrime. Si habiller les choristes femmes en tenue d'escrime est assez peu esthétique, organiser un combat de fleurons entre Philippe II et Rodrigue pendant leur duo s'avère une excellente idée, renforçant la tension entre les deux personnages. A l'acte III, les jardins de la reine disparaissent pour laisser place au plateau nu, à l'exception d'une coiffeuse et d'une petite pièce en grillage rouge à jardin. C'est derrière cette grille que Don Carlos confond Eboli avec Elisabeth. Pour l'autodafé, le choeur composé d'officiers, de leurs femmes, de nonnes et de moines est placé dans un amphithéâtre. La cloison du fond de scène s'ouvre pour le faire glisser sur scène sous le son des cloches. Un rideau sépare l'amphithéâtre de l'avant scène où l'on voit Elisabeth et Philippe II, ivre, se préparer pour leur apparition publique tandis que les choeurs chantent. Si l'on peut regretter avec un peu de nostalgie les processions impressionnantes des mises en scène plus traditionnelles, il faut reconnaître à cette idée de Warlikowski une efficacité poignante. La joie et le délire du peuple offrent un contraste saisissant avec la violence des rapports entre Philippe II, Elisabeth et Carlos. Ici, point d'hérétiques brûlés vifs mais un prisonnier exécuté sommairement sous les yeux horrifiés d'Elisabeth. Après l'entracte, l'action se déroule dans le cabinet de Philippe II, pièce aux dimensions très réduites où le drame intime et familial s'amplifie. La prison de Don Carlos est une cage étroite et longue dans l'immensité de la scène nue. Pour l'acte V, l'action retourne une dernière fois à Saint-Just. Là, Elisabeth se suicidera par le poison et Carlos, au lieu d'être entraîné dans la tombe par Charles Quint, s'appliquera un pistolet sur la tempe, sans que l'on sache s'il tire ou non. La mise en scène de Warlikowski recourt régulièrement à la vidéo : projections du visage désespéré de Carlos au premier acte et à la fin de l'opéra, de celui d'Elisabeth et de Philippe II ainsi que de flammes, pendant l'autodafé, et d'un homme en dévorant un autre. Kaufmann Don Carlos Bastille, 2017Les second rôles sont tous excellents dans cette production. On retiendra en particulier les six députés flamands nuancés, Eve-Maud Hubeaux en Thibault à la voix charnue, Julien Dran en Comte de Lerne de haute tenue. Krzysztof Baczyk est un moine autoritaire, à la diction très claire sauf une fois, malheureusement, dans le final de l'acte V. Dmitry Belosselskiy est un Grand Inquisiteur écrasant d'autorité, dans ses insinuations pleines de fiel ("Rentrez dans le devoir ! […] Livrez-nous le Marquis de Posa !") que dans ses accès de colère ou ses coups de force ("Ô peuple sacrilège / Prosterne-toi devant celui que Dieu protège ! A genoux !").Abdrazakof Belosselskiy Don Carlos, Bastille, 2017Face à ce Grand Inquisiteur terrifiant qui, en trois apparitions très brèves, parvient à faire planer son ombre menaçante sur toute l'oeuvre, Ildar Abdrazakov incarne un Philippe II alcoolique, profondément solitaire, malheureux et violent. Jouant d'un timbre de bronze, d'aigus faciles et de graves bien timbrés, la basse russe dessine un personnage pathétique, autant victime que bourreau. L'acte IV est évidemment son heure de gloire. Fort d'une diction plus travaillée et précise que dans les actes II et III, Abdrazakov livre un monologue tout en nuance, émouvant dans sa simplicité ("Elle ne m'aime pas" chanté sans aucune affectation, très bas). 

Abdrazakof Tézier Don Carlos, Bastille, 2017Sonya Yoncheva, en prise de rôle en Elisabeth de Valois, a pour elle une timbre sensuel, une voix très bien projetée et un jeu scénique touchant. Elle est particulièrement à son avantage dans l'acte I. Ce premier duo avec Carlos est pour elle l'occasion de montrer toute son élégance et son aisance dans un aimable badinage puis dans les serments d'un amour heureux. Mais le rôle est sûrement trop long et trop grave pour la jeune soprano lyrique. A l'acte V, sa voix accuse la fatigue et cela s'en ressent notamment dans ses aigus. Reste une composition théâtrale très réussie qui permet de changer la jeune femme amoureuse en reine altière et fidèle à son devoir en toute crédibilité.Kaufmann Yoncheva Don Carlos, Bastille, 2017Alors qu'elle accomplit sa première prise de rôle chez Verdi, Elīna Garanča est incandescente en Eboli. Parfaitement homogène sur toute la tessiture meurtrière du rôle,  depuis des graves moelleux et abyssaux jusqu'à des aigus éclatants en passant par un medium charnu. Et quelle prestance ! Irradiant la scène de sa chevelure blonde, aussi belle en tenue d'escrime noire qu'en robe du soir rose, elle est parfaite dans le rôle de cette princesse intrigante et désespérément amoureuse. Son premier air, "Au palais des fées", est un chef d'oeuvre : les vocalises sont parfaites, le texte raconté avec ironie. Dans sa confrontation avec Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier, elle distille ses répliques comme du poison, chante avec un mordant et une dureté admirables. A l'acte IV, ses remords sont sublimes, aussi bien dans le quatuor que dans "O don fatal et détesté" où elle est si touchante, si digne dans une plainte chantée piano. Sans aucun doute, c'est elle la reine de la soirée.Garanca Tézier Don Carlos, Bastille, 2017

Formant avec Elīna Garanča, pour quelques instants seulement, au III, un couple particulièrement bien assorti, Jonas Kaufmann trouve en Don Carlos un de ses meilleurs rôles. Torturé, désespéré, obsédé par un amour impossible, voué au malheur, tel est le personnage qu'incarne le ténor allemand de sa voix barytonnante et mélancolique. Les  aigus détimbrés de ce héros romantique sont l'explosion déchirante d'une douleur contenue. Déjà dans le premier acte, le Don Carlos de Jonas Kaufmann court après une félicité qu'il sait perdue. La lamentation sur le corps de Posa est l'apogée de cette performance. Après une explosion de colère et de rébellion contre Philippe II dans l'acte IV projetée avec force et vaillance, Jonas Kaufmann chante avec une émotion poignante, une diction impeccable l'un des plus beaux moments de l'opéra, soutenu par Abdrazakov, des choeurs d'hommes exemplaires et la direction attentive de Jordan.

Kaufmann Don Carlos, Bastille, 2017

 

Jonas Kaufmann trouve en Ludovic Tézier le meilleur partenaire qui soit pour "Dieu, tu semas dans nos âmes". On ne répétera jamais assez combien ces deux voix sont faites l'une pour l'autre. L'entente des deux artistes est palpable, leur union parfaite. Le baryton français à la voix chaude et claire, aux aigus faciles trouve en Rodrigue l'un de ses plus beaux rôles. Excellent comédien dans ce personnage qui semble taillé pour lui, il est magnétique de bout en bout. Que dire de cette scène à la cour d'Elisabeth où il alterne avec brillo les flatteries à Eboli et sa supplique ardente auprès de la reine ? Que dire de cette puissance d'évocation dans son duo avec Philippe II où, d'une diction claire et précise, il décrit la situation de la Flandre ? Que dire de ce trio avec Elīna Garanča et Jonas Kaufmann où il réduit à néant toutes les réserves qu'on a pu avoir sur son jeu dans le passé ? Que dire enfin de sa mort, véritable paroxysme de l'émotion de l'opéra ? Quel baryton a jamais eu assez de longueur de souffle pour pouvoir chanter sans faiblir "Ah, je meurs l'âme joyeuse car tu vis sauvé par moi" sans respiration ? Assurément, Ludovic Tézier a livré dans cette production une interprétation pour l'éternité..

 

Abdrazakof Garanca Tézier Don Carlos, Bastille, 2017

 

Les choeurs de l'Opéra national de Paris sont particulièrement mis en valeur dans cette version de Don Carlos. De leur remarquable performance, on retiendra tout particulièrement les choeurs de paysans du premier acte, poignant. "Ô chant de fête et d'allégresse" chanté pianissimo et a capella était saisissant. De même, les choeurs masculins étaient-ils particulièrement émouvant dans la lamentation sur le corps de Posa. Philippe Jordan a su soutenir le drame pendant toute la soirée, maintenant une tension dramatique intense. La flûte pendant la mort de Posa était particulièrement aérienne, le violoncelle qui accompagnait le monologue de Philippe II admirable.

 

On retiendra pour longtemps ce Don Carlos, magnifique moment d'opéra, qui sans aucun doute deviendra une référence pour l'éternité.

Don Carlos, opéra en cinq actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Joseph Méry et Camille du Locle, 1867

Don Carlos : Jonas Kaufmann

Rodrigue, Marquis de Posa : Ludovic Tézier

Philippe II : Ildar Abdrazakov

Le Grand Inquisiteur : Dmitry Belosselskiy

La Princesse Eboli : Elīna Garanča

Elisabeth de Valois : Sonya Yoncheva

Un moine : Krzysztof Baczyk

Thibault : Eve-Maud Hubeaux

Le Comte de Lerme : Julien Dran

Une Voix d'en Haut : Silga Tīruma

Un héraut royal : Hyung-Jong Roh

Coryphée : Florent Mbia 

Députés flamands : Tiago Matos, Michal Partyka, Mikhail Timoshenko, Tomasz Kumiega, Andrei Filonczyk et Daniel Giulianini

Inquisiteurs : Vadim Artamonov, Fabio Bellenghi, Enzo Coro, Constantin Ghircau, Philippe Madrange, Andrea Nelli et Pierapaolo Palloni

La Comtesse d'Aremberg (rôle-muet) : Chun Ting Lin

 

Direction Musicale : Philippe Jordan

Mise en scène : Krzysztov Warlikowski

Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris

Opéra Bastille, 22 octobre 2017

8 octobre 2017

Coup d'envoi magistral !

Pour ouvrir sa saison 2017-2018, le Metropolitan Opera de New York a choisi un opéra célébrissime, marqué par la patte des plus grandes cantatrices : Giuditta Pasta, créatrice du rôle, Maria Malibran, plus tard Joan Sutherland et Montserrat Caballé. Mais cet opéra, c'est celui le rôle phare de Maria Callas, celui qu'elle a chanté le plus, celui qu'elle a débarrassé du poids des mauvaises traditions véristes, celui qu'elle a fait entièrement et irrévocablement sien. C'est Norma, sommet du belcanto, qui a ouvert la saison du Met hier soir, retransmis au cinéma, illuminé par une distribution d'exception.

Calleja Radvanovsky Norma, Met, 2017

La mise en scène, confiée à David McVicar, qui réalise ici sa neuvième production pour le Met, joue la carte de la fidélité au livret. L'action se joue soit dans une forêt où l'on voit apparaître l'autel et un dolmen soit dans la hutte de Norma. Certaines images sont très belles, comme les jeux de lumières sur les arbres, d'autres prêtent parfois à sourire, notamment les soldats gaulois, affublés de peintures guerrières et d'armes d'opérette. On regrettera aussi que les gros plans de la captation pour le cinéma mettent en évidence les fermetures Eclair des robes de Norma et Adalgisa. Mais la difficulté de mettre Norma en scène rend indulgent, d'autant plus que la direction d'acteurs est très appréciable. Radvanovsky Norma, Met, 2017

Le bonheur, comme très souvent au Met, est à chercher sur le plan vocal. Déjà, la Clotilde de Michelle Bradley est une belle surprise à la voix ample et fruitée. Joseph Calleja inquiète un peu dans son air d'entrée où, si l'on peut déjà admirer la vaillance de sa voix directe et solaire, il n'atteint qu'avec peine son contre-ut final. Mais on est très rapidement rassuré par le duo avec Adlagisa et le final de l'acte I où, la voix répondant finalement aux exigences de la partition, il peut donner libre cours à un chant facile et lumineux. A l'acte II, le ténor maltais s'avère un partenaire idéal pour la Norma de Sondra Radvanovsky, au chant nuancé dans le final. Dans ce rôle somme toute assez ingrat qu'est Pollione, Joseph Calleja tire son épingle du jeu.Calleja Radvanovsky, Norma, Met, 2017

Joyce DiDonato, en prise de rôle scénique dans le rôle d'Adalgisa, est magistrale de bout en bout. On admire toujours autant la beauté, le moelleux de ce timbre plein de chaleur et de luminosité. Sa technique est irréprochable, depuis des trilles et ornements parfaitement exécutés jusuqu'à une homogénéité su tout l'ambitus y compris dans les notes les plus aiguës, abordées avec la même aisance tranquille que le médium de la tessiture. Dans ses deux duos avec Sondra Radvnavosky, la mezzo américaine est éblouissante de maîtrise et de sensibilité artistique. Le personnage est dessiné avec la même finesse que les enivrantes mélodies de ses interventions. Adalgisa ne se limite pas ici à une victime un peu naïve et perdue. Comme on regrette ici que pas même un air ne soit dédié à ce rôle.

DiDonato Radvanovsky Norma Met, 2017

            Norma trouve en Sondra Radvanovsky une interprète de très grande qualité. Appelée à remplacer Anna Netrenko qui a renoncé au rôle il y a plus d’un an, la soprano canadienne aborde la soirée avec une angoisse apparente et bien compréhensible. Mais si le redoutable « Casta diva » est interprété avec une technique irréprochable et une sincérité touchante, on la sent tout de même bien plus libre dès la caballette « Ah bello a me ritorna », reprise avec beaucoup d’intelligence et de maîtrise. Le rôle de Norma va comme un gant à la cantatrice, rompue à la technique belcantiste comme le démontrent son art de la vocalise et ses sons filés. Actrice consommée, Sondra Radvanovsky fait vivre sous nos yeux un personnage particulièrement humain et touchant.DiDonato Radvanovsky, Norma, Met, 2017

            Les chœurs du Met sont égaux à eux-mêmes en ce soir de première tandis que Carlo Rizzi, à la tête de l’orchestre de la maison, soutient le drame avec conviction et énergie.

            La saison 2017-2018 du Met s’ouvre sous des auspices bien favorables !

Norma, opéra en deux actes de Vincenzo Bellini sur un livret de Felice Romani, 1831

Norma, druidessa : Sondra Radvanovsky

Adalgisa, giovane ministra del tempio di Irminsul : Joyce DiDonato

Pollione, proconsole di Roma nelle Gallie : Joseph Calleja

Oroveso, capo dei druidi : Matthew Rose

Clotilde : Michelle Bradley

Flavio : Adam Diegel

 

Direction musicale : Carlo Rizzi

Mise en scène : David McVicar

Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera

Retransmis en direct du Metropolitan Opera, le 7 octobre 2017

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