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OpéraBlog
17 janvier 2016

Une soirée époustouflante

On n'avait pas vu Les Pêcheurs de Perles au Met depuis l'époque du grand Caruso. Après des décennies d'absence, cet opéra de Bizet revient sur la première scène américaine sous l'impulsion de Diana Damrau.

 

 

Damrau Les Pecheurs de Perles, Met, 2016

 

 

 

La mise en scène de Penny Woolcock est un des atouts majeurs de la soirée. Elle transpose avec succès l'action dans une sorte de bidonville bordé par la mer. Les chanteurs évoluent sur des ponts, des escaliers et même des barques. L'orage du final de l'acte II est rendu avec brio. Quant à l'incendie final, il est d'une vraisemblance effrayante. Mais la grande surprise, c'est ce magnifique lever de rideau sur un écran bleu (la mer) où des acrobates plongent pour chercher des perles. Quelle merveille ! De plus, on ne peut que louer cette direction d'acteurs impeccable qui permet à chaque artiste d'aller au bout de son personnage.

Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

Dans la fosse, Gianandra Noseda et l'orchestre du Met soutiennent le drame. On apprécie particulièrement cette capacité à créer des atmosphères calmes et recueillies dans les prières ou déchaînées et effrayantes dans les finals des actes II et III. Les choeurs sont incroyables d'homogénéité, d'intensité et de crédibilité dramatiques.

Chez les chanteurs, on est tout simplement charmé par les voix et la diction pafaite des quatre artistes. Nicolas Testé, tout d'abord, est un excellent prêtre. Sa voix est grave et ronde, le timbre chaud, l'artiste d'une grande autorité; que demander de plus ?

Damrau Testé LesPêcheurs de perles, Met, 2016

Matthew Polenzani reprend le flambeau de Caruso en Nadir. Il triomphe haut la main de son rôle. Sa voix est claire, habile dans les passages les plus assassins de la partition. Son personnage est habilement dessiné. On voit réellement Nadir, amoureux fou de Leïla et conscient de trahir ses serments.

Damrau Polenzani Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

 

Son puissant rival est incarné par Mariusz Kwiecien, voix de bronze aux reflets de basse. Le baryton polonais est sidérant dans le rôle de Zurga. A l'acte I, il est tout dévoué à son village et à Nadir. Mais à l'acte II, quand il découvre la trahison de Nadir, le chef des pêcheurs s'efface pour laisser place à l'ami trompé et furieux. Sa condamnation des amants est terrifiante. Puis vient l'acte III, après son air "Ô Nadir" tout en introspection douloureuse, c'est le duo avec Leïla. D'une violence terrible, l'affrontement fait froid dans le dos. Quelle rage on sent dans la voix de l'artiste, quel investissement dramatique ! Mariusz Kwiecien revient sur scène au final pour délivrer les amants. Après un bref mais somptueux trio avec Diana Damrau et Matthew Polenzani, il s'effondre devant le village en feu. On ne peut que s'incliner devant cette performance. Bravo !

Damrau Kwiecien Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

Enfin, Diana Damrau est Leïla. La soprano trouve ici un de ses plus beaux rôles. Pendant sa profession de foi à l'acte I, ses "Je le jure" annonce déjà le drame. La prière "Ô dieu Brahma" montre la chanteuse très à son aise et à son avantage dans ces vocalises aigues et agiles. Et quelle tendresse, quelle innocence dans cette prière qui devient un chant d'amour. La Leïla qu'on retrouve après l'entracte va évoluer. Après un enchanteur "Ton coeur n'a pas compris le mien" avec Matthew Polenzani, elle devient victime d'une loi qui la condamne à une mort affreuse. On sent dans le chant devenu plus corsé le désespoir du personnage. A l'acte III, sa rencontre avec Zurga est un des sommets de l'oeuvre. Elle se jette à ses pieds, supplie puis menace. Puis, quand elle comprend que tout est perdu, la malédiction qu'elle lance sur Zurga laisse cloué dans son fauteuil. Le final est exécuté à merveille. On sent d'abord toute sa résignation à son sort puis son bonheur quand elle est réunie à jamais à celui qu'elle aime.

Damrau Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

On sort de cette soirée conquis et enchanté. On n'oubliera pas de sitôt une telle représentation où chant et jeu, où musique et théâtre ont été si bien mariés.

 

Les Pêcheurs de Perles, Georges Bizet 

Leïla :Diana Damrau

Nadir : Matthew Polenzani

Zurga : Marius Kwiecien

Nourabad : Nicolas Testé

 

Direction musicale : Gianandrea Noseda

Mise en scène : Penny Woolcock

Orchsetre et choeurs du Metropolitan Opera de New York

Metropolitan Opera, 16 janvier 2016

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9 décembre 2015

De jeunes talents

 

Voici Le Nozze di Figaro, coproduit par neuf théâtres de province, qui arrive à la Maison de la Culture d'Amiens. 

La mise en scène, signée Galin Stoev, situe ces Noces à notre époque, dans une maison bourgeoise. Ses principaux atouts sont une direction d'acteurs efficace qui offrent des moments d'intense émotion ou de rire franc. On déplore cependant la vision du personnage de la Comtesse qui est ici donnée. Combien de fois n'a-t-on pas vu cette femme instable etdroguée aux médicaments ?

Le Nozze di Figaro Axentii De Negri Dolié Kissin, 2015

Alexis Kossenko dirige le chef d'oeuvre avec ardeur et finesse, accompagnant à merveille l'agitation continuelle du plateau. On regrette cependant quelques fausses notes aux vents dans l'ouverture et un décalage accoustique de ces mêmes vents avec les voix pendant tout l'opéra. Est-ce dû à la salle ou aux instrumentistes ? Toujours est-il que, dans le "Dove sono" par exemple, le hautbois est trop fort par rapport à la soprano. On regrette aussi les coupures infligées à l'acte III à cause de l'abscence de choeur.

Ce sont les chanteurs qui nous ont donné le plus de plaisir dans la soirée. On ne peut que louer les excellents seconds rôles. Marcellina est scéniquement très engagée et bien chantante. Les Don Basilio et DonCurzio  d'Eric Vignau sont tordants, l'un faux et envieux, l'autre bègue et timide. Frédéric Caton est un excellent Bartolo délivrant un air de la vengeance aussi drôle qu'agréable à l'oreille. Sa composition du jardinier Antonio est tout aussi entousiasmante. Malheureusement, la Barbarina d'Hélène Walter n'atteint pas les mêmes hauteurs, affligée comme elle l'est d'une diction pâteuse. Cherubino, chanté par Ambroisine Bré, nous a également un peu déçus. On apprécie son implication théâtrale exemplaire et la propreté de son chant mais on préférerait un Cherubino plus mature, plus adolescent qu'enfantin, plus mezzo que soprano. Le Figaro de Yuri Kissin paraît un peu en retrait sur le plan théâtral par rapport à ses partenaires. Si le chant est exemplaire, le personnage paraît en effet raide et moins vif d'esprit qu'il ne l'est d'habitude. On ne peut s'empêcher de penser à Masetto de Don Giovanni. En Comtesse, Diana Axentii émeut profondément, notamment dans son "Porgi amore" malgré les costumes peu seyants que lui impose la mise en scène. Les deux points forts de la distribution restent cependant Thomas Dolié et Emmanuelle de Negri . Le premier est un Comte d'Almaviva très humain, très volage, très séducteur et en fin de compte très attachant. Voix de bronze aux graves nourris, on ne peut qu'admirer une prestation de bout en bout exemplaire. La seconde est une merveilleuse Susanna, vive et intelligente, qui charme autant par sa voix agile et pleine que par son jeu libéré de toute contrainte. Son air du IV, "Deh, vieni non tardar", tire les larmes et est accueilli par un silence ému puis par les applaudissements les plus nourris de la soirée. 

A la fin de la représentation, les artistes saluent une salle entièrement debout qui applaudit et acclame à tout rompre. C'est un succès sur tous les plans pour cette jeune équipe.

Le Nozze di Figaro Caton De Negri Haller Kissin, 2015

Le Nozze di Figaro, Wolfgang Amadeus Mozart

Figaro : Yuri Kissin

Susanna : Emmanuelle de Negri

Il Conte di Almaviva : Thomas Dolié

La Contessa di Almaviva : Diana Axentii

Cherubino : Ambroisine Bré

Bartolo/Antonio : Frédéric Caton

Marcellina : Salomé Haller

Don Basilio/Don Curzio : Eric Vignau

Barbarina : Hélène Walter

 

Direction musicale : Alexis Kossenko

Mise en scène : Galin Soev

Les Amabassadeurs.

 

7 décembre 2015, Maison de la Culture d'Amiens

 

11 octobre 2015

Une "Aida" pour l'éternité

Qu'ils sont nombreux les lyricomanes râleurs qui nous annoncent sans cesse que le chant verdien n'a plus d'intrerprètes ! Cette Aida gravée en studio à Rome en janvier 2015 et sorti vendredi 9 octobre sous le label Warner Classics vient y apporter un démenti formel. Non mesdames et messieurs, le chant verdien n'est pas mort ! Il se porte même très bien !

Aida Warner Classcis 2015

Est-il besoin de rappeler encore une fois que les enregistrements d'intégrales d'opéras se font rares de nos jours ? Sans doute non. Et pourtant, Warner Classics a relevé le défi en produisant, non  seulement un opéra de Verdi, mais Aida, opéra péplum s'il en est. Non contant de cet exploit, Warner a tenu à réunir les meilleurs interprètes verdiens actuels : le chef Sir Antonio Pappano, les chanteurs Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier et les chanteuses Anja Harteros et Ekaterina Semenchuk.

Kaufmann Semenchuk Aida, Warner 2015

Cet enregistrement d'Aida reçoit le succès escompté. Il se positionne à une place de choix dans la discographie du chef-d'oeuvre de Verdi. La direction d'Antonio Pappano, en premier lieu, est un immense atout. Le maestro dirige avec une efficacité incroyable, un sens du drame époustouflant, tenant l'auditeur en haleine de la première minute de l'ouverture aux dernières notes de l'ouvrage. L'Orchestra dell'Accademia di Santa Cecilia sonne merveilleusement bien, tous les pupitres se couvrent de gloire tandis que le choeur de l'Accademia met en valeur les talents de compositeur choral de Verdi. 

Harteros Kaufmann Pappano Aida Warner 2015

Anja Harteros met au service du rôle titre ses grands talents d'artiste : aigus vibrants à arracher des larmes, médium charnu, timbre charmeur. On ne peut que rendre les armes devant tant de séductions. La soprano allemande se pose en égale face aux grandes Aidas du passé telles que Renata Tebaldi ou Maria Callas. Face à elle, sa rivale Amneris est chantée par la russe Ekaterina Semenchuk. La fille du Pharaon est ici particulièrement humaine, tant dans sa douleur que dans ses emportements de rage et de jalousie. Bouleversante dans tout le dernier acte, on retiendra ses dernières notes, incroyables de beauté et de pathos. Ludovic Tézier est en roi d'Ethiopie époustouflant de bout en bout, depuis son air impressionant de contrastes dans la scène du triomphe au merveilleux trio avec Aida et Radamès, sans parler de son duo avec Aida, violent, insinuateur et convainquant à souhait. On ne connait qu'un Amnoasro digne de rivaliser avec celui-là : Tito Gobbi. Erwin Schrott est un Ramfis parfait, grand prêtre terrifiant à la volonté de fer et aux graves rocailleux. Que dire enfin du Radamès de Jonas Kaufmann ? Timbre profond, pianissimi à en faire pâmer les dames, le ténor allemand transforme tous les pièges de la partition en atout, y compris ce célèbre et assassin si bémol pianissimo finissant le "Celeste Aida".

Bref, cette Aida est un succès sur tous les plans. C'est une Aida d'ajourd'hui mais c'est aussi une Aida pour l'éternité.

Tézier Aida, Warner, 2015

Aida de Giuseppe Verdi

Aida : Anja Harteros

Radamès : Jonas Kaufmann

Amneris : Ekaterina Semenchuk

Amonasro : Ludovic Tézier

Ramfis : Erwin Schrott

Il Re : Marco Spotti

Messaggero : Paolo Fanale

Sacerdotessa : Elonora Buratto

Direction musicale : Antonio Pappano

Chef de choeur : Ciro Visco

Orchestra e coro dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia

17 août 2015

Encore un réussite pour Jonas Kaufmann !

Critique de Nessun Dorma : the Puccini album

            La maison de disques Katholnigg de Salzburg ainsi que la boutique du Salzburg Festspiel ont réservé à leurs clients une très belle surprise : la vente exclusive du tout nouveau récital de Jonas Kaufmann, Nessun Dorma : the Puccini Album, un mois avant sa sortie officielle, mi-septembre 2015. Quel mélomane résisterait à pareille opportunité ? Nos critiques, eux, ont succombé et voici la critique d’OperaBlog du CD du ténor le plus en vogue…

            Nessun Dorma : the Puccini Album est sans doute un des CD solo les plus réussis de Jonas Kaufmann. Ce fait s’explique d’abord par un programme convenant au ténor allemand comme un gant. De Des Grieux (Manon Lescaut) à Calaf (Turandot), en passant par Edgar (Edgar) et Dick Johnson (La Fanciulla del West), tous les airs semblent avoir été écrits pour Jonas Kaufmann. La deuxième raison de ce succès est Antonio Pappano, directeur musical du Royal Opera House et de l’Orchestre de l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, avec qui Jonas Kaufmann a travaillé plus d’une fois et avec lequel il réalise toujours un travail impeccable. La troisième est la présence de Kristine Opolais, soprano dramatique, Manon de Jonas Kaufmann dans Manon Lescaut au Royal Opera House (2013), au Bayerische Staatsoper (2014) et dans la future production du Metropolitan Opera (2016).

            Le CD s’ouvre sur le premier air de Des Grieux dans Manon Lescaut, « Donna non vidi mai » dans lequel Jonas Kaufmann fait preuve d’une délicieuse candeur, d’un chant élégant, simple et naturel. Suit le duo « Tu, tu, amore ? Tu ? » avec Kristine Opolais. La soprano dramatique a considérablement amélioré ses graves depuis la Manon Lecaut au Royal Opera House en 2013. Jonas Kaufmann et elle nous transportent dans les émotions contradictoires de Des Grieux et Manon comme si elles étaient leurs. Les deux airs qui suivent, « Ah ! Manon, mi tradisce » et « Ah ! Non v’avviciante », sont pour Jonas Kaufmann l’occasion de laisser transparaître ses merveilleux talents de comédien, en dessinant d’abord un Des Grieux déçu mais toujours amoureux, vibrant de désespoir puis un Des Grieux,  toujours désespéré, éperdu d’amour, prêt à tout pour Manon.

            « Torna ai felici dì », extrait du premier opéra de Puccini, Le Villi, est tout en désespoir, nuances et douceur. L’extrait d’Edgar, une des plus belles plages du CD,  semble taillé sur mesure pour Jonas Kaufmann dont l’art du pianissimo et des demi-teintes rend particulièrement justice à la partition. Le duo « O soave fanciulla » avec Kristine Opolais nous laisse sans voix. Comment exprimer notre émotion devant ces deux voix qui s’entrelacent, se cèdent mutuellement la place, se subliment l’une l’autre ?

            Le « Recondita armonia » de Tosca n’a plus de secret pour Jonas Kaufmann qui a déjà chanté le rôle de Cavaradossi plusieurs fois (un CD Warner Classic avec Angela Gheorghiu, Bryn Terfel et Antonio Pappano à la baguette en est le témoignage). On reste éblouit devant la beauté du timbre mis en valeur dans cet air très bref.

            Dans « Addio fiorito asil », le ténor allemand dessine en quelques minutes un Pinkerton bien plus sympathique que d’ordinaire, torturé par sa conscience et ses remords. Son Dick Johnson de La Fanciulla del West nous séduit par ses qualités vocales inestimables.

            Le clou du CD réside bien-sûr dans les deux grands airs du prince inconnu de Turandot. Dans « Non piangere, Liù », c’est toute la sensibilité du ténor qui se déverse dans cet air si mélancolique tandis que son art du piano s’épanouit. « Nessun dorma », l’air qui donne son nom au CD, est un trésor de puissance vocale et  d’interprétation théâtrale.

            C’est encore une fois une réussite pour Jonas Kaufmann dont nous attendons désormais, avec une très grande impatience, un autre cadeau de ce genre.

Nessun Dorma Jonas Kaufmann

 

Nessun Dorma : the Puccini Album

Jonas Kaufmann, ténor

Kristine Opolais, soprano

Massimo Simeoli, baryton

Antonio Pirozzi, basse

Orchestra e Coro dell'Accademia di Santa Cecilia

Direction musicale : Antonio Pappano

 

1. "Donna non vidi mai", Manon Lescaut

2. "O, sarò la più bella!... Tu, tu, amore? Tu?", Manon Lescaut

3. "Ah! Manon, mi tradisce", Manon Lescaut

4. "Presto! In fila!... Ah! Non v'avvicinate!", Manon Lescaut

5. "Ei giunge!... Torna ai felici dì", Le Villi

6. "Orgia, chimera dall'occhio vitreo", Edgar

7. "O soave fanciulla", La Bohème

8. "Recondita armonia", Tosca

9. "Addio, fiorito asil", Madama Butterfly

10. "Una parola sola!... Or son sei mesi", La Fanciulla del West

11. "Risparmiate lo scherno... Ch'ellla mi creda libero", La Fanciulla del West

12. "Parigi! È la città dei desideri", La Rondine

13. "Hai ben ragione", Il Tabarro

14. "Avete torto!... Firenze è come un albero fiorito", Gianni Schicchi

15. "Non piangere, Liù", Turandot

16. "Nessun dorma", Turandot

CD SONY CLASSICAL 2015

17 août 2015

Une réussite vocale

 

Quand Jonas Kaufmann chante au Festival de Salzburg, on peut être sûr que les places se vendront en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. C’est en effet ce qui est arrivé pour ce Fidelio de Beethoven, sold out des mois avant la première.

            Une demi-heure avant le début de la seconde représentation, les rues voisines du Großes Festspielhaus sont le théâtre d’embouteillages et de voitures luxueuses. Devant la salle, le public afflue, vêtu de ses plus beaux atours. D’autres, moins chanceux que ceux qui possèdent leur billet, tentent d’en racheter un.

            Enfin, l’opéra commence. L’ouverture sera interprétée avec brillo, comme tous les autres morceaux orchestraux de la soirée, par un Wiener Philarmonik particulièrement en forme et récompensé, ainsi que son chef Franz Welser-Möst, par des applaudissements délirants. Le Konzertvereinigung Wiener Staatsoperchor tire également son épingle du jeu avec beaucoup de panache. Le chœur des prisonniers du I est un instant de toute beauté, chaleureusement récompensé par le public.

La mise en scène de Claus Guth n’obtient malheureusement pas le même succès. Pendant l’ouverture Leonore contemple le visage de son mari Florestan projeté sur le rideau noir baissé. Ce dernier se lève sur une pièce aux murs blancs ornés de moulures et au parquet impeccablement ciré. Un pavé noir pivotant aux dimensions titanesques se tient au centre du décor. Au deuxième acte, la prison de Florestan sera cette même pièce avec un sol en pente raide, une tombe creusée à la place du pavé, ce dernier planant sur la scène. Le final sera, lui, chanté dans la pièce du I, le sol recouvert de moquette rose et un lustre immense remplaçant le pavé. Malheureusement ces décors simples et épurés deviennent rapidement gênants. En effet, Claus Guth a pris le parti de supprimer tous les dialogues parlés, ce qui ôte beaucoup de clarté à l’intrigue, et de les remplacer par de longs moments de silence où le pavé noir tourne sur lui-même en produisant d’horribles grincements, parfois même des sifflements stridents, qui poussent certains spectateurs à se boucher les oreilles. Claus Guth a également imposé à Pizzaro et Leonore un double muet. Si le procédé est plutôt intéressant pour le premier (Pizzaro se retrouve ainsi accompagné d’un sbire meurtrier, tué au II par Leonore), on ne peut pas en dire la même chose pour Leonore. Gesticulant dans tous les sens pendant les numéros musicaux, la comédienne rompt le drame plus qu’elle ne le renforce et empêche Adrienne Pieczonka de jouer réellement son personnage. Le public salzbourgeois ne s’y est pas trompé, huant copieusement le metteur en scène allemand le soir de la première.nachtkritik-das-experiment-fidelio-im-festspielhaus-41-59463626

            Du côté chanteur, le plaisir est au rendez-vous. Olga Bezsmertna est une excellente Marzelline aux aigus percutants et au timbre radieux. Le Jaquino de Norbert Ernst, transformé par la mise en scène en petit bureaucrate, évolue au même niveau. Sebastian Holecek est un Don Florestan de haute tenue aux graves sonores. Le Rocco de Hans-Peter König, très applaudi à la fin de la représentation, est parfaitement crédible scéniquement, bien que la mise en scène l’ait fair passé de gardien de prison à bourgeois endimanché. Le Pizzaro de Thomas Konieczny, particulièrement violent et cruel, est impressionnant d’autorité et de présence scénique. Il parvient, en outre,  jouer magnifiquement avec son « double » qu’il manipule comme une marionnette.

            En Leonore, Adrienne Pieczonka est éblouissante de maîtrise vocale. La voix est homogène et le timbre chaud.  Son air du I est une perle du chant. Son jeu est malheureusement retenu par son « double » qui lui ôte toute crédibilité dramatique. Que dire du Forestan de Jonas Kaufmann ? La voix du ténor bavarois est toujours somptueuse, puissante avec ces couleurs de baryton qui lui donnent un côté mystérieux. L’intensité dramatique dont vibre chaque note laisse stupéfait. L’investissement scénique du chanteur crève les yeux, d’autant plus que Claus Guth fait de Florestan un homme traumatisé, visiblement hanté, qui se roule sur le sol et ne supprote plus qu’on l’approche. On est déçu que le rôle de Florestan soit si court !

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            Avant que la salle ne résonne des applaudissements d’un public totalement emballé, Claus Guth nous réserve une dernière surprise… Alors que le livret se termine sur une « happy end » (Florestan est libéré et rendu à l’amour de Leonore, Pizzaro puni), le metteur en scène décide de dramatiser l’action. Au moment où l’orchestre joue les derniers accords de l’opéra, le lustre scintillant s’éteint brusquement et Florestan tombe raide mort sous les yeux étonnés et désespérés des deux Leonore.

Distribution

Florestan : Jonas Kaufmann

Leonore (alias Fidelio) : Adrienne Pieczonka

Don Pizzaro : Thomas Konieczny

Rocco : Hans-Peter König

Marzelline : Olga Bezsmertna

Jaquino : Norbert Ernst

Don Fernando : Sebastian Holecek

Leonore (comédienne) : Nadia Kichler

Pizzaro (comédien) : Paul Lorrenger

 

Direction musicale : Franz Welser-Möst

Mise en scène : Claus Guth

Chef de chœur : Ernst Raffelsberger

WIENER PHILARMONIK & KONZERTVEREINIGUNG WIENER STAATSOPERCHOR

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23 juin 2015

La Traviata trapéziste

Présentée dans le cadre du festival de Pentecôte de Baden-Baden, cette Traviata mise en scène par Rolando Villazón est située dans un univers circassien d'une oppressante poésie . L'opéra commence rideau baissé avec, en avant-scène, Violetta, déjà malade et proche de la mort. Commence alors l'ouverture et une sorte de délire cauchemardesque pour Violetta malade. Une danseuse trapéziste joue "l'autre" Violetta, bien portante, du rêve. Violetta et Alfredo vivent alors les deux premiers actes parmi des clowns sinistres, inquiétants et violents. Au troisième acte, la Violetta mourante rêve qu'Alfredo et Germont viennent la voir avant de mourir bien réellement, seule, comme dans le roman d'Alexandre Dumas (La Dame aux camélias). La mise en scène du ténor mexicain s'avère en parfaite équation avec la musique : pas un changement de lumière, pas un déplacement n'est en désaccord avec la fosse ou les chanteurs. La direction d'acteurs est efficace et soignée, jamais les chanteurs ne sont laissés à eux-mêmes.

 

La_Traviata_Baden-Baden_2015_c_Andrea_Kremper-33

 

Pablo Heras-Casado, à la tête du Bathasar-Neumann-Ensemble, soutient le drame avec efficacité mais sans grande originalité. Le Balthasar-Neumann-Chor s'investit beaucoup dans le parti pris scénique mais son son paraît étouffé comme s'il était en sous effectif.

Attala Ayan est un bon Alfredo dont il possède les couleurs latines. On lui reprochera seulement un aigu forcé à la fin de la cabalette de Germont "Non udrai rimproveri". Simone Piazzola, appelé pour remplacer Ludovic Tézier initialement annoncé, dessine le portrait d'un Germont noble, compatissant mais inflexible. "Di provenza il mar" le voit déployer une ligne verdienne impeccable et une belle sensibilité. La cabalette "Non udrai rimproveri" le voit moins à l'aise (la faute à un tempo trop lent ?).  Les comprimari sont tous biens distribués, avec une mention spéciale pour le Gastone d'Emiliano Gonzalez Toro brillant dans son personnage de clown. On aurait cependant préféré une Flora à la voix plus pleine que celle de Christina Daletska.

Olga Peretyatko se révèle une Violetta idéale aussi bien physiquement que vocalement. La soprano russe endosse avec brio et son personnage et son tutu blanc. La voix est homogène et agile. Et que dire de ce velouté si particulier, si doux ? Le "Dite alla giovine" où elle déploie de magnifique piani est sans doute le plus beau moment de la représentation.

 

Olga Peretyatko

 

C'est donc une belle production de La Traviata que celle présentée cette année à Baden-Baden. On regrettera cependant le forfait de Ludovic Tézier...

La Traviata est disponible en replay jusqu'au 28 juin 2015 complet sur Arte concert (cliquez pour voir).

La Traviata, Giuseppe Verdi

Violetta Valéry : Olga Peretyatko

Violetta Valéry (danseuse et trapéziste) : Susanne Preissler

Alfredo Germont : Attala Ayan

Giorgio Germont : Simone Piazzola

Gastone : Emiliano Gonzalez Toro

Flora Bervoix : Christina Daletska

Baron Douphol : Tom Fox

Marquis d'Obigny : Konstantin Wolff

Annina : Deniz Uzun

Dottore Grenvil : Walter Fink

 

Direction musicale : Pablo Heras-Casado

Balthasar-Neumann-Ensemble

Chef de choeur: Detlef Bratschke

Balthasar-Neumann-Chor

Mise en scène : Rolando Villazón

Décors : Johannes Leiacker

Costumes : Thibault Vancraenenbroeck

Lumières : David Cunningham

Chorégraphie : Philippe Giraudeau

Vendredi 22, 25, 29 mai 2015

Diffusion Arte du 21 juin 2015

11 avril 2015

Délices suisses...

La dernière prise de rôle rossinienne de Juan Diego Florez avait fait couler beaucoup d'encre en été 2013. En effet, si une partie de la critique avait été conquise par l'Arnold du ténor péruvien, d'autres l'avaient fort peu apprécié. La sortie de ce DVD DECCA, captation d'une représentation du mois d'août 2013, va permettre au tout public de découvrir enfin cette production controversée.

Commençons tout d'abord par le Tell de Nicola Alaimo. A l'aise dans toute la tessiture et élevé à l'école des rôles bouffes rossiniens, le baryton italien se révèle un Guillaume idéal. Son jeu chaleureux et autoritaire va à merveille à son personnage. Alaimo nous émeut aux larmes dans son magnifique air "Sois immobile" avant de clamer avec morgue et assurance un "Anathème à Gessler" d'anthologie. Amanda Forsythe est bien le digne fils d'un tel père. Dotée d'aigus radieux, d'une très bonne diction et d'une présence scénique tout à fait crédible, elle est particulièrement émouvante dans son air de l'acte III. Veronica Simeoni, dans chacune de ses apparitions, fait étalage d'une voix charnelle et d'une présence douce et apaisante.

En Walter Furst, Simon Orfila démontre encore une fois à quel point sa superbe voix de basse profonde correspond bien aux rôles rossiniens. Ses rares apparitions sont de véritables perles. Par comparaison, le Melcthal de Simone Alberghini paraît un peu pâle et effacé. Cependant, sa prestation reste tout à fait correcte. Luca Tittoto est un des Gesler les plus sombres qu'il nous a été donné d'entendre. Les petits rôles sont forts bien tenus avec une mention spéciale pour le pêcheur de Celso Albelo, délivrant une véritable leçon dans "Accours dans ma nacelle", et le Leuthold bien chantant de Wojtek Gierlach.

Marina Rebeka est la Mathilde la plus aristocratique possible. Qu'elle apparaisse et elle semble capter tous les regards. Voix pleine et ample, aigus faciles et médium mielleux, que demander de plus ? On a rarement entendu Mathilde plus rêveuse dans "Sombre forêt" ou plus désespérée dans "Pour notre amour plus d'espérance".

Juan Diego Florez surpasse encore sa partenaire en Arnold. Posèdant à la fois la vaillance et l'agilité requise par le rôle, s'appuyant sur une diction exemplaire, le ténor rossinien par excellence s'impose comme le meilleur Arnold jamais enregistré. On pourrait citer toutes ses apparitions, depuis "Mathilde, idôle de mon âme" à "Asile héréditaire" en passant par "Oui vous l'arrachez à mon âme... Dans celle qui m'aime" et "Quand l'Helvétie est un champ de supplices".

Michele Mariotti qui s'est maintenant imposé comme une valeur sûre de la direction rossinienne ne fait qu'une bouchée de Guillaume Tell. Ni les moments élégiaques ni ceux de pur patriotisme ne lui pausent de difficulté. Les choeurs du Théâtre de Bologne se montrent partculièrement expressifs dans "On entend des montagnes... Près des torrents qui grondent".

Malheureusement, la mise en scène de Graham Vick ne se révle pas l'écrin idéal pour ces délices musicaux. Si les costumes de Paul Brown ont été conçus sous le signe de la magnificence, le reste de la production se révèle glaciale. Certaines danses se révèlent même ennuyeuses et parfois laides...

Toutefois, les acteurs jouent si bien que les décors se font oublier très rapidement.

Un DVD à se procurer à tout prix.

 

Alaimo Florez Orfila Guillaume Tell, Pesaro, 2013

 

Distribution

Guillaume Tell, rebelle suisse : Nicola Alaimo

Arnold, rebelle suisse : Juan Diego Florez

Mathilde, princesse Hapsbourg : Marina Rebeka

Walter Furst, rebelle suisse : Simon Orfila

Jemmy, fils de Tell : Amanda Forsythe

Gesler, gouverneur de la Suisse : Luca Tittoto

Hedwige, femme de Tell : Veronica Simeoni

Melcthal, père d'Arnold : Simone Alberghini

Ruodi, un pêcheur : Celso Albelo

Leuthold, un berger / un chasseur : Wojtek Gierlach

Rodolphe, chef des archers de Gesler : Alessandro Luciano

 

Orchestre et choeur du Teatro Comunale di Bologna

Direction musicale : Michele Mariotti

Mise en scène : Graham Vick

Enregistré en août 2013 a Rossini Opera Festival de Pesaro

DVD DECCA

22 mars 2015

Un Don Giovanni d'exception à l'Opéra de Monte Carlo

Jusqu'au 26 mars 2015, vous pouvez voir Don Giovanni de Mozart à l'Opéra de Monte Carlo. A l'affiche, Erwin Schrott dans le rôle-titre, Patrizia Ciofi en Donna Anna, Sonya Yoncheva en Donna Elvira et Maxim Mironov en Don Ottavio. La mise en scène est signée Jean-Louis Grinda et Paolo Arrivabeni est à la baguette.

La mise en scène du directeur de l'Opéra de Monte Carlo frappe immédiatement par sa beauté. Les décors de l'acte II sont particulièrement époustouflants et la scène devant la maison de Donna Anna est un moment de pure magie. Les costumes s'inscrivent dans la même ligne. On remarquera notamment l'époustouflante robe rouge de Sonya Yoncheva.

Erwin Schrott est le Don Giovanni qu'on lui connaît : très à l'aise aussi bien vocalement que scéniquement. Il incarne toujours un libertin plus bad boy que noble espagnol mais pourquoi pas ? Le jeu du baryton-basse urguayaen est irrésistible.

Patrizia Ciofi est une Donna Anna de larmes et de sang. Mettant à profit sa voix cristalline, elle touche dans sa douleur sans jamais tomber dans l'exagération. Les vocalises sont impecables et les aigus jamais forcés.

Sonya Yoncheva offre une vision assez rare de Donna Elvira. Elle n'est pas cette dame espagnole aigrie et jalouse que l'on voit trop souvent. Sur les traces de Joyce DiDonato, la soprano bulgare incarne une femme profondément amoureuse. La voix est somptueuse, le timbre très riche, que demander de plus ?

Maxim Mironov est un très bon Don Ottavio malgré quelques duretés dans les vocalises d'Il mio tesoro. Adrian Sempetrean est un Leporello en très bonne forme vocale doté d'un jeu scénique excellent. Giacomo Prestia est un Commandeur à la voix caverneuse avec juste ce qu'il faut d'autorité et de mystère dans le final. La Zerlina de Lorena Castellano est tout à fait ce qu'elle doit être, aguicheuse et tendre. La jeune soprano a une voix un peu verte mais qui mûrira sans doute. Fernando Javier Rado est un Masetto luxueux et qui fera un excellent Leporello.

Pour ceux qui ne pourraient voir ce Don Giovanni de haut vol, une repréentation sera bientôt disponible en streaming sur MediciTV.

Erwin Schrott

20 mars 2015

Gala des contre-ténors (et d'un orchestre) !

Hier soir, au Théâtre des Champs Elysées, on pouvait assister au Gala des contre-ténors qui réunissaient Max Emanuel Cencic, Valer Sabadus, Xavier Sabata et Vince Yi. la soirée faisait écho au disque "The five Countertenors" paru chez Decca le 16 mars.

Sans doute, le clou de la soirée a été le concerto pour deux violons n°8 opus 3 de Vivaldi. Les deux solistes, Sergiu Nastasa et Otilia Alitei, faisaient merveille, insufflant l'émotion manquant cruellement dans le reste du programme. L'Armonia Athena possède de très belles couleurs et la direction de George Petrou est à la fois souple et précise.

Xavier Sabata, le premier contre-ténor de la soirée, nous déçoit. Doté d'une voix très ronde mais terne, le chanteur espagnol peine à se faire entendre dans la salle. Sa voix est notamment étranglée à un moment récurrent dans le quatuor extrait Romolo e Ersilia.

Vince Yi nous surpend d'abord par une voix extraodinairement féminine. Cependant, des aigus faciles et triomphants ont tôt fait de nous faire oublier norte premier mouvement d'étonnement.

Valer Sabadus, gagnant de la soirée à l'applaudimètre, nous paraît d'abord hésitant dans son duo avec Vince Yi. Mais dans "Non so frenare il pianto", le contre-ténor roumain nous émeut profondément ce qui lui vaut la plus belle ovation de la soirée.

Enfin, Max Emanuel Cencic, présenté comme la star de la soirée, annonce en deuxième partie de concert souffrir d'une trachéite. Le contre-ténor croate remporte tout de même un franc succès grâce à une intelligence artistique évidente et à une voix très riche en couleur.

En bref, une soirée de très bonne qualité, digne de la réputation de chacun des artistes.

Max Emanuel Cencic

 

Programme : 

Première Partie

Concerto grosso en fa majeur op. 3 n°4, G. F. Haendel

"Dall'ondoso periglio-Aure, deh, per pietà", extrait de Giulio Cesare, G.F. Haendel avec Xavier Sabata

"Ti parli in seno amore", extrait de Farnace, J. Myslyvecek avec Vince Yi

"Placa l'alma", extrait d'Alessandro, G.F. Haendel avec Valer Sabadus et Vince Yi

Concerto pour deux violons op. 3 n°8, A. Vivaldi avec S. Nastasa et O. Alitei (violons)

"Se mai senti", extrait de La Clemenza di Tito, J.A. Hasse avec Max Emanuel Cencic

"Placa lo sdegno", extrait de Il Cid, A. Sacchini avec Valer Sabadus

"Mi scacci crudele", extrait de Siface, L. Vinci avec Valer Sabadus, Xavier Sabata et Vince Yi

Deuxième paertie

"Non so frenare il pianto", extrait de Demetrio, C.W. Gluck avec Valer Sabadus

"Crude furie", extrait de Serse, G.F. Haendel avec Vince Yi

Concerto pour basson en mi mineur RV 484, A. Vivaldi avec A. Economou (basson)

"Tu spietato non farai", extrait d'Ifigenia in Aulide, N.A. Porpora avec Xavier Sabata

"Vo disperato a morte", extrait de Tito Vespasiano, J.A. Hasse avec Max Emanuel Cencic

"Deh, in vita ti serba" extrait de Romolo ed Ersilia J. Myslyvecek avec Max Emanuel Cencic, Valer Sabadus, Xavier Sabata et Vince Yi

Direction : George Petrou

Orchestre : Armonia Athena

15 mars 2015

La Donna del Lago : achèvement de la perfection

Hier soir a été jouée la dernière représentation de La Donna del Lago au Metropolitan Opera. La distribution, très alléchante sur la papier, a largement tenu ses promesses. Joyce DiDonato s'impose aujourd'hui comme l'une des plus grandes, sinon la plus grande, Elena. Graves profonds, aigus et ornementation faciles, voix ronde et chaude alliée à une présence scénique époustouflante... Que demander de plus ? Juan Diego Florez, rossinien jusqu'au bout des ongles, est un Giacomo V capable du plus beau des altruismes comme de la plus violente des fureurs. Ses aigus vertigineux et sa voix de soleil lui valent l'une des plus bruyantes ovations de la soirée. Servie par une tessiture très large, Daniela Barcellona est un Malcolm idéal, aussi sensible que valeureux. John Osborn, en grande forme vocale, est un Rodrigo encore plus guerrier qu'amoureux. Son entrée du premier acte, périlleuse à l'excès, est un véritable tour de force. Oren Gradus met au service de Douglas sa voix de bronze. Les seconds rôles sont tout à fait convenables. Mention spéciale pour l'Albina d'Olga Makarina, voix céleste et cristalline dans le final de l'acte I.

La direction de Michele Mariotti est exemplaire. Faisant constamment avancer le récit, il se montre également capable de tirer de magnifiques sonorités de son orchestre dans les moments plus élégiaques. Les choeurs du Metropolitan Opera sont tout simplement somptueux tout particulièrement dans la scène des druides.

La mise en scène de Paul Curran offre quelques belles images notamment l'entrée d'Elena au premier acte.

Conclusion : la renaissance Rossini se porte bien !

DiDonato Florez Osborn La Donna del Lago, Met, 2015

Distribution : 

Elena : Joyce DiDonato

Giacomo V : Juan Diego Florez

Malcolm : Daniela Barcellona

Rodrigo : John Osborn

Douglas : Oren Gradus

Albina : Olga Makarina

Sereno : Eduardo Valdès

Bertram : Gregory Schmidt

Orchestre et choeurs du Metropolitan Opera

Direction musicle : Michele Mariotti

Mise en scène : Paul Curran

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