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OpéraBlog
9 février 2018

Ludovic Tézier, sublime Rigoletto

 C'est en plein air, dans le cadre magique du parc de l'Hôtel de Ville de Hannovre, qu'a eu lieu cette représentation de Rigoletto. Présenté dans une version de concert mais avec une mise en espace très poussée, ce Rigoletto est joué dans des costumes et des décors contemporains. Il ya de beaux moments de théâtre, notamment le duo entre Gilda et Rigoletto au II ou l'assassinat de Gilda au III. Certains passages sont moins heureux. On pense en particulier à l'enlèvement de Gilda ou à l'apparition de Monterone au II, tous deux désamorcés par la sortie des personnages parmi les spectateurs.

Au milieu de comprimari assez sommaires, la Maddalena de Varduhi Abrahamyan détonne. Voix ambrée et profonde, chant sensuel, la mezzo arménienne est très en phase avec son rôle. Stephen Costello joue d'un physique avantageux et d'un médium moelleux pour camper un beau Duc de Mantoue. Même si on aurait pu souhaiter lui trouver plus d'aisance dans l'aigu, on ne peut qu'apprécier la noirceur de cette incarnation. On ne présente plus la Gilda de Nadine Sierra. A 29 ans, la soprano américaine a chanté ce qui est devenu son rôle fétiche sur toutes les grandes scènes lyriques (Scala, Met, Paris...). On retrouve avec plaisir une voix fraîche et juvénile en parfaite symbiose avec le rôle, des aigus faciles et lumineux. De plus, son médium s'enrichit de plus en plus, ses graves sont devenus sombres et émouvants ce qui lui permet d'être parfaite dans le final. Scéniquement, la jeune soprano a un physique parfait pour Gilda et en brosse un portrait de jeune fille fragile mais frémissante d'amour. A ses côtés, Ludovic Tézier incarne magistralement Rigoletto. Sa voix de baryton verdien lumineuse et chaude fait merveille dans ce rôle. On y trouve à la fois les accents autoritaires et brutaux indispensables à la première scène chez le Duc et toute la douceur nécessaire à ses scènes avec Gilda. Son interprétation de "Cortigiani, vil razza dannata" est une des plus belles qu'il nous ait été donné d'entendre. Les premiers accents de colère sont chantés avec une vaillance sans faille. Mais que dire ensuite de cette prière, si humble et si pathétique  ("Miei signori, pietà") ? La conduite du souffle interminable, le fruité du timbre, l'émotion, tout y est. Et que ce soit dans l'invective ou dans la supplication, quelle intelligence du texte ! Pas un mot qui ne soit pas chargé de sens, pas une syllabe qui ne soit éclairée d'une couleur nouvelle. C'est l'art de chanter Verdi à son apogée. La représentation se finit sur un "Ah la maledizione !" bouleversant, à l'image de toute la représentation.

La magistrale interprétation de Rigoletto par Ludovic Tézier est à revoir sur le site de la Norddeutsche Rundkunft.

Sierra Tézier Rigoletto, Hannover, 2017

 

Rigoletto,melodramma en trois en actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Francesco Maria Piave, 1851

Rigoletto : Ludovic Tézier

Gilda : Nadine Sierra

Il Duca di Mantova : Stephen Costello

Sparafucile : Franz Hawlata

Maddalena : Varduhi Abrahamyan

Il Conte di Monterone : Martin-Jan Nijhof

Marullo : Matthias Winckhler

Giovanna : Yajie Zhang

Matteo Borsa : Gevorg Aperants

Il Conte di Ceprano : Daniel Eggert

La Contessa di Ceprano : Ania Vegry

Paggio della Duchessa : Marlene Gassner

Usciere di Corte : Jong Soo Ko

 

Direction musicale : Kery-Linn Wilson

NDR Radiophilarmonie et Festivalchor Hannover

Maschpark, Neues Rathaus, Hannover, 22 juillet 2017

 

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