Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
OpéraBlog
24 janvier 2016

Un Werther et une Charlotte incandescants

La mise en scène de Werther par Benoît Jacquot a été achetée en 2010 par Nicolas Joël dans le but d'offrir un écrin où les plus grands interprètes pourraient se succéder sans problèmes théâtraux majeurs. Sans aucun doute, on peut dire que cet objectif a été atteint : après Jonas Kaufmann et Sophie Koch en 2010 puis Roberto Alagna et Karine Deshayes l'année passée, c'est au tour de Piotr Beczala et Elina Garanca d'endosser la veste bleue et la robe blanche de Werther et Charlotte. La mise en scène en question impressionne toujours par ses décors somptueux et ses costumes agréables à l'oeil. Beczala Garanca Werther, Bastille, 2016

La direction musicale avait originellement été confiée à Alain Lombard. Celui-ci a été remplacé par Michel Plasson qui a lui-même annulé. C'est donc le jeune Giacomo Sagripanti qui a dirigé la représentation. Sa direction est vivante et inspirée. Le drame avance avec énergie sans pour autant exclure les passages plus élégiaques. L'Orchestre de l'Opéra de Paris sonne magnifiquement.

Du côté des chanteurs, on est très favorablement impressionné par la Sophie d'Elena Tsallagova. Sa voix est pure, claire et agile. Chacune de ses interventions est un charmant moment de légèreté et d'innocence. Son intervention à l'acte II est particulièremnt fraîche et émouvante.

Stéphane Degout est un superbe Albert. Ecrasant d'autorité, le timbre rayonnant et la diction parfaite du bartyon français font merveille dans ce rôle qu'il transcende.

Beczala Degout Werther, Bastille, 2016

 

Le rôle de Charlotte trouve en Elina Garanca une interprète idéale. Authentique mezzo-soprano au timbre sensuel et profond, elle possède de magnifiques graves puissants et sonores ainsi que des aigus lumineux et rayonnants. Sa diction française, malheureusement un peu pâteuse en certains endroits, est son seul point faible. On admire en revanche l'évolution qu'elle fait suivre à son personnage. D'abord innocente et impassible, sa Charlotte devient au fil des actes une femme tourmentée et passionnée.Beczala Garanca Werther, Bastille,2016

Enfin, le Werther de Piotr Beczala laisse béat d'admiration. Sa diction est parfaitement intelligible. Sa voix est lumineuse et claire, ses aigus sont triomphants. On est transporté par ce chant élégant et précis. C'est une véritable leçon de style que délivre le ténor polonais qui se confirme comme une des figures incontournables du chant français actuel. Quant au personnage, finement dessiné, chacun des ses traits de caractère est habilement mis en relief. Ce Werther est sensible, tendre et mélancolique mais aussi passionné et désespéré.Beczala Garanca Werther, Bastille, 2016

On retiendra sans aucun doute cette soirée, illuminée par ses Werther et Charlotte d'exception.

 

Werther, Jules Massenet, 1892

Werther : Piotr Beczala

Charlotte : Elina Garanca

Albert : Stéphane Degout

Sophie : Elena Tsallagova

Le Bailli : Paul Gay

Schmidt : Rodolphe Briant

Johann : Lionel Lhote

Brühlmann : Piotr Kumon

Kätchen : Pauline Texier

 

Direction musicale : Giuseppe Sagripanti

Mise en scène : Benoît Jacquot

Orchestre de l'Opéra de Paris

Maîtrise des Hauts-de -Seine

Choeur d'enfants de l'Opéra de Paris

 

Opéra Bastille, Opéra National de Paris, 23 janvier 2016

Publicité
Publicité
17 janvier 2016

Une soirée époustouflante

On n'avait pas vu Les Pêcheurs de Perles au Met depuis l'époque du grand Caruso. Après des décennies d'absence, cet opéra de Bizet revient sur la première scène américaine sous l'impulsion de Diana Damrau.

 

 

Damrau Les Pecheurs de Perles, Met, 2016

 

 

 

La mise en scène de Penny Woolcock est un des atouts majeurs de la soirée. Elle transpose avec succès l'action dans une sorte de bidonville bordé par la mer. Les chanteurs évoluent sur des ponts, des escaliers et même des barques. L'orage du final de l'acte II est rendu avec brio. Quant à l'incendie final, il est d'une vraisemblance effrayante. Mais la grande surprise, c'est ce magnifique lever de rideau sur un écran bleu (la mer) où des acrobates plongent pour chercher des perles. Quelle merveille ! De plus, on ne peut que louer cette direction d'acteurs impeccable qui permet à chaque artiste d'aller au bout de son personnage.

Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

Dans la fosse, Gianandra Noseda et l'orchestre du Met soutiennent le drame. On apprécie particulièrement cette capacité à créer des atmosphères calmes et recueillies dans les prières ou déchaînées et effrayantes dans les finals des actes II et III. Les choeurs sont incroyables d'homogénéité, d'intensité et de crédibilité dramatiques.

Chez les chanteurs, on est tout simplement charmé par les voix et la diction pafaite des quatre artistes. Nicolas Testé, tout d'abord, est un excellent prêtre. Sa voix est grave et ronde, le timbre chaud, l'artiste d'une grande autorité; que demander de plus ?

Damrau Testé LesPêcheurs de perles, Met, 2016

Matthew Polenzani reprend le flambeau de Caruso en Nadir. Il triomphe haut la main de son rôle. Sa voix est claire, habile dans les passages les plus assassins de la partition. Son personnage est habilement dessiné. On voit réellement Nadir, amoureux fou de Leïla et conscient de trahir ses serments.

Damrau Polenzani Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

 

Son puissant rival est incarné par Mariusz Kwiecien, voix de bronze aux reflets de basse. Le baryton polonais est sidérant dans le rôle de Zurga. A l'acte I, il est tout dévoué à son village et à Nadir. Mais à l'acte II, quand il découvre la trahison de Nadir, le chef des pêcheurs s'efface pour laisser place à l'ami trompé et furieux. Sa condamnation des amants est terrifiante. Puis vient l'acte III, après son air "Ô Nadir" tout en introspection douloureuse, c'est le duo avec Leïla. D'une violence terrible, l'affrontement fait froid dans le dos. Quelle rage on sent dans la voix de l'artiste, quel investissement dramatique ! Mariusz Kwiecien revient sur scène au final pour délivrer les amants. Après un bref mais somptueux trio avec Diana Damrau et Matthew Polenzani, il s'effondre devant le village en feu. On ne peut que s'incliner devant cette performance. Bravo !

Damrau Kwiecien Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

Enfin, Diana Damrau est Leïla. La soprano trouve ici un de ses plus beaux rôles. Pendant sa profession de foi à l'acte I, ses "Je le jure" annonce déjà le drame. La prière "Ô dieu Brahma" montre la chanteuse très à son aise et à son avantage dans ces vocalises aigues et agiles. Et quelle tendresse, quelle innocence dans cette prière qui devient un chant d'amour. La Leïla qu'on retrouve après l'entracte va évoluer. Après un enchanteur "Ton coeur n'a pas compris le mien" avec Matthew Polenzani, elle devient victime d'une loi qui la condamne à une mort affreuse. On sent dans le chant devenu plus corsé le désespoir du personnage. A l'acte III, sa rencontre avec Zurga est un des sommets de l'oeuvre. Elle se jette à ses pieds, supplie puis menace. Puis, quand elle comprend que tout est perdu, la malédiction qu'elle lance sur Zurga laisse cloué dans son fauteuil. Le final est exécuté à merveille. On sent d'abord toute sa résignation à son sort puis son bonheur quand elle est réunie à jamais à celui qu'elle aime.

Damrau Les Pêcheurs de Perles, Met, 2016

On sort de cette soirée conquis et enchanté. On n'oubliera pas de sitôt une telle représentation où chant et jeu, où musique et théâtre ont été si bien mariés.

 

Les Pêcheurs de Perles, Georges Bizet 

Leïla :Diana Damrau

Nadir : Matthew Polenzani

Zurga : Marius Kwiecien

Nourabad : Nicolas Testé

 

Direction musicale : Gianandrea Noseda

Mise en scène : Penny Woolcock

Orchsetre et choeurs du Metropolitan Opera de New York

Metropolitan Opera, 16 janvier 2016

2 janvier 2016

Nadine Sierra : une étoile est née

 

Dans le ciel du monde lyrique d'aujourd'hui, une nouvelle étoile brille depuis quelques années, toujours plus lumineuse, toujours plus éblouissante. Cette étoile, c'est la jeune Nadine Sierra. OpéraBlog retrace le début de carrière de la prometteuse soprano américaine.

Nadine Sierra

Nadine Sierra est née en 1988 aux Etats-Unis. Elle se forme au Mannes College of Music de New York puis à la Music Academy of the West. Elle fait ses débuts sur scène encore adolescente à l'opéra de Palm Beach. A quinze ans, elle est remarquée à la télévision (dans le cadre de l'émission From the top) où elle chante le célébrissime "O mio babbino caro" extrait de Gianni Schicchi de Giacomo Puccini. En 2009, elle chante en duo avec Thomas Hampson au United States Supreme Court Building. En 2010, elle est de nouveau invitée sur le plateau de From the top. Aux côtés de Thomas Hampson, elle crée les rôles de Juliet et Barbara dans l'opéra de Christopher Theofanidis Heart of a soldier au San Francisco Opera en 2011. Elle enchaîne les prises de rôle avec notamment Euridice dans Orfeo ed Euridice, Gilda dans Rigoletto, Musetta dans La Bohème, Norina dans Don Pasquale, le rôle-titre de Lucia di Lammermoor et Pamina dans Die Zauberflöte. Elle a fait ses débuts au Teatro di San Carlo de Naples en 2013, à Zürich, à l'Opéra National de Paris et au Metropolitan Opera en 2015. 

Sierra La Bohème, San Francisco, 2015

Sa voix est  celle d'une authentique soprano lyrique. Son timbre est charnu et chaud. Elle possède des aigus lumineux et une agilité impressionnante dans les vocalises. 

Entendre Nadine Sierra

 

Où voir Nadine Sierra ?

  • De janvier à février 2015 : Rigoletto (Gilda), Giuseppe Verdi, Teatro alla Scala di Milano
  • Mars 2016 : Orfeo ed Euridice (Amor), Christophe Willbald Gluck, Staatsoper unter den Liden (Berlin)
  • Avril 2016 : La Sonnambula (Amina), Vincenzo Bellini, Teatro Filarmonico (Verona)
  • Juin 2016 : A Midsummer Night's Dream (Tytania), Felix Mendelsson, Palau de les Arts (Valencia)

    Sierra Rigoletto, Met, 2015

1 janvier 2016

Jonas Kaufmann et Joyce DiDonato élus chanteur et chanteuse de l'année 2015

Voici les résultats de l'élection du chanteur et de la chanteuse de l'année 2015 par les lecteurs d'OpéraBlog.

Chez les chanteurs, JONAS KAUFMANN a été élu à l'unanimité.

Chez les chanteuses, JOYCE DIDONATO a été avec la moitié des voix.

OpéraBlog a sélectinonné pour vous les temps forts de leur année lyrique.Faust Coulisses DiDonato Kaufmann, Met, 2011

Jonas Kaufmann

JANVIER

Jonas Kaufmann fait une prise de rôle fracassante dans le rôle-titre d'Andrea Chenier d'Umberto Giordano à Londres. Accompagné par la baguette complice d'Antonio Pappano et l'orchestre du Royal Opera House, le ténor allemand s'affirme dans le répertoire vériste italien.

FEVRIER

A Rome, Jonas Kaufmann enregistre la première Aida en studio depuis vint-cinq ans. Antonio Pappano est de nouveau de la partie, dirigeant l'Orchestra dell'Accademia di Santa Cecilia. La distribution réunit les meilleurs chanteurs verdiens actuels : Anja Harteros, Ekaterina Semenchuk et Ludovic Tézier. Le concert de clôture remporte un succès pharaonique.

 

Kaufmann Harteros Pappano Tézier Aida, Roma, 2015

 

MARS-AVRIL

A Salzburg, le ténor allemand continue son parcours vériste avec deux prises de rôles : Turridu dans Cavalleria rusticana et Canio dans Pagliacci. Il apporte à ce dernier une noirceur et une profondeur époustouflante.

MAI

Dans sa ville natale de Munich, Jonas Kaufmann reprend Don Alvaro dans La Forza del Destino dans une mise en scène de Martin Kusej. Il forme un duo incandescent avec Anja Harteros, sa partenaire de prédilection.

 

Harteros Kaufmann, La Forza del Destino, 2013

 

JUILLET

Jonas Kaufmann triomphe en Don José de Carmen aux Chorégies d'Orange. A ses côtés, Kate Aldrich est une Carmen de chair et de sang.

AOUT

Au Festival de Salzburg, dans Fidelio, Jonas Kaufmann reprend le rôle de Florestan. Tandis que la mise en scène de Claus Guth laisse perplexe, le Florestan torturé du ténor bavarois suscite l'enthousiasme le plus vif.

 

Kaufmann Pieczonka Fidelio, Salzburg, 2015

 

SEPTEMBRE

Tandis que Jonas Kaufmann ravit le public et la critique en Radamès (Aida) à Muncih, son CD consacré à Puccini est encensé par une presse unanime.

OCTOBRE

L'intégrale d'Aida gravée en février suscite les critiques les plus élogieuses tandis que Jonas Kaufmann est porté aux nues par le public du Théâtre des Champs Elysées pour son Bacchus dans Ariadne auf Naxos.

DECEMBRE

Jonas Kaufmann revient à l'Opéra National de Paris après cinq ans d'abscence dans La Damnation de Faust. Si la mise en scène d'Alvis Hermanis est fortement critiquée, la prestation du ténor bavarois enchante spectateurs et journalistes.

 

Terfel Mercy Koch Kaufmann La Damnation de Faust, Bastille 2015

 

Joyce DiDonato

JANVIER

Joyce DiDonato commence son année à Barcelone. Elle incarne le rôle-titre dans Maria Stuarda dans la mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier. La reine écossaise a rarement été aussi bien interprétée : la mezzo américaine saisit toutes les facettes du rôle, son implication dramatique n'a d'égal que la perfection de ses vocalises.

FEVRIER-MARS

Joyce DiDonato chante au Metropolitan Opera avec son partenaire de toujours, Juan Diego Florez. Ils partagent le haut de l'affiche avec Daniella Barcellona et John Osborn dans La Donna del Lago. Dans un des rôles qui la mettent le mieux en valeur Joyce DiDonato rayonne. Sa voix lumineuse, son timbre charnu, son agilité époustouflante et ses talents de comédienne en font l'Elena de notre époque.

 

DiDonato La Donna del Lago, Met, 2015

 

AVRIL

A Baden-Baden, sous la baguette experte de Sir Simon Rattle et entourée des excellents Charles Castronovo et Ludovic Tézier, Joyce DiDonato est admirée en Marguerite dans La Damnation de Faust d'Hector Berlioz.

 

DiDonato La Damnation de Faust, Baden Baden, 2015

 

JUIN-JUILLET

A Zürich, Joyce DiDonato reprend le rôle de Romeo dans I Capuleti e i Montecchi. Sa crédibilité scénique et son intensité dramatique sont loués par la critique.

SEPTEMBRE

Tandis que la mezzo américaine et Antonio Pappano sont à l'affiche d'un Don Giovanni à Tokyo, leur CD Joyce and Tony at Wigmore Hall fait à la fois les délices des amateurs d'opéra et de comédie musicales.

 

Joyce and Tony at Wigmore Hall, Erato, 2015

 

DECEMBRE

Joyce DiDonato est à nouveau Elena dans La Donna del Lago au Metropolitan Opera. Entourée d'un plateau presque identique qu'en février et mars à l'exception de Juan Diego Florez ayant cédé sa place à Lawrence Brownlee, elle offre au public new-yorkais un cadeau de Noël inoubliable.

 

Publicité
Publicité
OpéraBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 37 436
Publicité