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OpéraBlog
9 décembre 2015

De jeunes talents

 

Voici Le Nozze di Figaro, coproduit par neuf théâtres de province, qui arrive à la Maison de la Culture d'Amiens. 

La mise en scène, signée Galin Stoev, situe ces Noces à notre époque, dans une maison bourgeoise. Ses principaux atouts sont une direction d'acteurs efficace qui offrent des moments d'intense émotion ou de rire franc. On déplore cependant la vision du personnage de la Comtesse qui est ici donnée. Combien de fois n'a-t-on pas vu cette femme instable etdroguée aux médicaments ?

Le Nozze di Figaro Axentii De Negri Dolié Kissin, 2015

Alexis Kossenko dirige le chef d'oeuvre avec ardeur et finesse, accompagnant à merveille l'agitation continuelle du plateau. On regrette cependant quelques fausses notes aux vents dans l'ouverture et un décalage accoustique de ces mêmes vents avec les voix pendant tout l'opéra. Est-ce dû à la salle ou aux instrumentistes ? Toujours est-il que, dans le "Dove sono" par exemple, le hautbois est trop fort par rapport à la soprano. On regrette aussi les coupures infligées à l'acte III à cause de l'abscence de choeur.

Ce sont les chanteurs qui nous ont donné le plus de plaisir dans la soirée. On ne peut que louer les excellents seconds rôles. Marcellina est scéniquement très engagée et bien chantante. Les Don Basilio et DonCurzio  d'Eric Vignau sont tordants, l'un faux et envieux, l'autre bègue et timide. Frédéric Caton est un excellent Bartolo délivrant un air de la vengeance aussi drôle qu'agréable à l'oreille. Sa composition du jardinier Antonio est tout aussi entousiasmante. Malheureusement, la Barbarina d'Hélène Walter n'atteint pas les mêmes hauteurs, affligée comme elle l'est d'une diction pâteuse. Cherubino, chanté par Ambroisine Bré, nous a également un peu déçus. On apprécie son implication théâtrale exemplaire et la propreté de son chant mais on préférerait un Cherubino plus mature, plus adolescent qu'enfantin, plus mezzo que soprano. Le Figaro de Yuri Kissin paraît un peu en retrait sur le plan théâtral par rapport à ses partenaires. Si le chant est exemplaire, le personnage paraît en effet raide et moins vif d'esprit qu'il ne l'est d'habitude. On ne peut s'empêcher de penser à Masetto de Don Giovanni. En Comtesse, Diana Axentii émeut profondément, notamment dans son "Porgi amore" malgré les costumes peu seyants que lui impose la mise en scène. Les deux points forts de la distribution restent cependant Thomas Dolié et Emmanuelle de Negri . Le premier est un Comte d'Almaviva très humain, très volage, très séducteur et en fin de compte très attachant. Voix de bronze aux graves nourris, on ne peut qu'admirer une prestation de bout en bout exemplaire. La seconde est une merveilleuse Susanna, vive et intelligente, qui charme autant par sa voix agile et pleine que par son jeu libéré de toute contrainte. Son air du IV, "Deh, vieni non tardar", tire les larmes et est accueilli par un silence ému puis par les applaudissements les plus nourris de la soirée. 

A la fin de la représentation, les artistes saluent une salle entièrement debout qui applaudit et acclame à tout rompre. C'est un succès sur tous les plans pour cette jeune équipe.

Le Nozze di Figaro Caton De Negri Haller Kissin, 2015

Le Nozze di Figaro, Wolfgang Amadeus Mozart

Figaro : Yuri Kissin

Susanna : Emmanuelle de Negri

Il Conte di Almaviva : Thomas Dolié

La Contessa di Almaviva : Diana Axentii

Cherubino : Ambroisine Bré

Bartolo/Antonio : Frédéric Caton

Marcellina : Salomé Haller

Don Basilio/Don Curzio : Eric Vignau

Barbarina : Hélène Walter

 

Direction musicale : Alexis Kossenko

Mise en scène : Galin Soev

Les Amabassadeurs.

 

7 décembre 2015, Maison de la Culture d'Amiens

 

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